« JE SUIS UNE LEGENDE ! »
Tel pourrait être le titre de la biographie de Kurt Warner. Une légende pour ce qu’il a fait sur les terrains et hors des stades. Une légende parce qu’il a fait découvrir et aimer le foot US à de nombreux néophytes a travers le monde avec ses exploits. Une légende parce que malgré les obstacles, ce joueur profondément croyant et pratiquant a toujours eu confiance en lui et en ses capacités. Une légende parce que qui mieux que lui caractérise LE rêve Américain ? Sa carrière est digne des meilleurs scénarios Hollywoodiens et pourrait être donnée en exemple. Tout au long de ses 12 années de carrière, il a magnifié ce que le sport a de plus beau tout en laissant de côté ce qu’il a de plus pervers. Cet immense joueur a annoncé ce vendredi son retrait des terrains, laissant derrière lui le souvenir d’un homme intègre, humble et des performances dont peu le croyaient capable à sa sortie de l’université.
Carrière universitaire :
Rien ne prédestinait Kurtis Eugene Warner, né le 22 juin 1971 à Burlington, petite ville de l’Iowa (état voisin de l’Illinois au nord des Etats Unis) à une telle carrière. Après des études au Regis High School de Cedar Rapids, il part continuer ses études dans la modeste université du Nord de l’Iowa dont l’équipe de foot évolue en division I-AA sorte de deuxième division du Foot universitaire. Il y fait banquette pendant plusieurs saisons avant de s’imposer comme titulaire lors de son année sénior, au court de laquelle il obtient le titre de meilleur joueur offensif de la conférence. Distinction ne lui permettant pas de se faire remarquer et, lorsqu’il se présente à la draft en 1994, il n’est qu’un illustre inconnu a coté des quarterbacks comme Heath Shuler (3ème choix !) ou Trent Dilfer (6ème). Au final, Warner passe sous le radar de l’ensemble des équipes et il n’est pas drafté. Il est invité au camp d’été des Green Bay Packers, mais il sait qu’il n’a qu’une tout petite chance de rester pour la saison car les Packers ont déjà trois quarterback bien établis. Pas surprise, il n’est pas retenu. Aucune autre équipe ne lui tend alors la main. Obligé, comme beaucoup de joueurs universitaires, de penser à sa reconversion, il trouve alors un job nocturne comme livreur dans une épicerie et travaille le jour comme coach assistant dans son ancienne université. Il garde toutefois confiance en ses capacités et raconte à ses collègues qu’il attend la proposition d’une équipe NFL.
Arena Football League et NFL Europe :
Ne renonçant pas à faire carrière dans le football américain, et ne voyant rien venir du coté de la NFL, Warner démarche les équipes de l’Arena Football League, compétition printanière de football américain en salle. C’est à ce moment que commence le conte de fée. Signé en 1995 par les Barnstormers qui viennent de s’implanter dans l’Iowa, il s’impose rapidement et mène ces derniers à deux ArenaBowl qu’ils ne parviendront pas à remporter. Alors qu’il prépare sa quatrième saison d’Arena, Kurt Warner est contacté par les Saint Louis Rams pour une place dans l’effectif. Mais, peu sûrs de leur choix, ils exigent de lui qu’il développe son jeu. Il part alors en NFL Europe et évolue sous le maillot des Amsterdam Admirals. En une seule saison, il éblouit la ligue en établissant le record de yards à la passe et le nombre de TD inscrits. Les Rams le rappellent dans la ligue NFL.
National Football Ligue :
Saint-Louis Rams (1998-2003) :
1998 : St Louis le fait signer à l’orée de la saison 1998. Il est alors âgé de 27 ans. Troisième quarterback de l’effectif derrière Tony Banks et Steve Bono, il ne jouera que quelques minutes lors de l’ultime rencontre.
1999 : Il profite du départ en retraite de Steve Bono et de la blessure en pré-saison de Trent Green (embauché pour remplacer Tony Banks parti aux Redskins) pour obtenir sa première titularisation. A la plus grande surprise des médias et de tous les spécialistes, il s’impose rapidement et mène son équipe sur les chemins de la gloire. Le 18 octobre, alors que les Rams ont gagné leurs quatre premiers matchs, Warner fait la couverture de Sports Illustrated sous le titre « Mais qui est ce mec ? » Elu MVP de la saison avec des stats impressionnantes (4 353 yards lancés pour 43 touchdowns et une évaluation de 109,2), il forme en compagnie de Marshall Faulk, Isaac Bruce et Tory Holt un quatuor magique. Grâce à eux, les Rams seront connus sous l’appellation de « Greatest Show on Turf » et remporteront face aux Titans le Super Bowl, dont il obtiendra le titre de MVP, en établissant au passage le record de yards lancés (414yds).
2000 : Il confirme à l’entame de la saison tous les espoirs suscités par sa fulgurante ascension. Il lance pour 300yds ou plus lors des 6 premières rencontres, 19TD et obtient à deux reprises un rating parfait de 158,3. Malheureusement pour lui, une mauvaise blessure vient interrompre cette saison qui s’annonçait exceptionnelle. Malgré son retour sur les terrains début Décembre, les Rams se font éliminer par les Saints au premier tour de playoffs.
2001 : Son niveau de jeu est une nouvelle fois très élevé, premier de la NFL pour : le nombre de passes complétées (375), le taux de passes complétées (68,7%), le nombre de yards à la passe (4 830) et le nombre de passes pour touchdowns (36). Le 11 Novembre, il devient le quarterback le plus rapide de l’histoire à atteindre la barre des 10 000 yards lancés en seulement 36 matchs. Avec un second titre de MVP de la saison en poche, il conduit les Rams (14-2) vers un nouveau Super Bowl. Malgré 365yds lancés, il ne parvient pas à donner un second titre à St Louis et doit s’avouer vaincu face aux New England Patriots du rookie Tom Brady.
2002-2003 : La défaite au dernier Super Bowl a marqué les esprits. Des distensions sont nées au sein de l’effectif et les Rams, Warner le premier, sont en perte de vitesse. Gêné par de multiples blessures, Il ne débutera que sept rencontres durant cette période, il est peu à peu supplanté par Marc Bulger. Il aura quand même le temps de battre des nouveaux records cumulés en devenant le quarterback le plus rapide de l’histoire de la NFL à réussir sa 1 000e passe en seulement 47 rencontres et 1 487 tentatives. Il sera aussi le plus rapide à atteindre les 1 500 tentatives, devançant des grands noms comme Joe Montana et Dan Marino. 0 la fin de la saison, ayant perdu la confiance du staff, il est laissé libre et est prié d’aller monnayer ses services ailleurs.
New York Giants (2004) :
Signé pour une saison par la franchise New Yorkaise deux jours après son licenciement, Kurt Warner ne parvient pas à convaincre Tom Coughlin. Le coach des Giants le remplace par rookie Eli Manning, le frère de Peyton Manning, quarterback des Colts d’Indianapolis. Malgré un bilan de une victoire pour sept défaites, ce dernier représente le futur pour la franchise et le contrat de Kurt Warner n’est pas renouvelé.
Arizona Cardinals (2005-2010) :
2005-2006 : Le 6 Mars 2005, il signe un contrat d’un an en faveur de la franchise de l’Arizona qui se morfond dans les profondeurs du classement depuis de nombreuses années. Malgré une place de titulaire, il doit de nouveau composé avec divers blessures. Poussé sur le banc par Josh McCown durant la saison 2005, il annonce au début de la saison 2006 son retrait des terrain à la fin de l’exercice alors qu’il venait de prolonger son contrat. Le manque de résultats le contraint à partager le temps de jeu avec un rookie qui semble promit à un brillant avenir : Matt Leinart. Cette nouvelle rivalité semble cependant piquer au vif l’orgueil du vieux lion et malgré un temps de jeu limité, il signe des statistiques tout à fait correctes.
2007 : Malgré ses velléités de départ, l’éclosion de certains joueurs et l’arrivée de jeunes talents convainquent Warner de rempiler à nouveau. Et même s’il doit de nouveau partager son temps de jeu avec Matt Leinart, les difficultés de ce dernier à s’imposer au sein d’une escouade offensive de plus en plus productive, lui permettent de réaliser une belle saison.
2008 : Cette saison marque le grand retour de Warner au premier plan. Ayant définitivement écarté son jeune coéquipier sur le banc, il fait feu de tout bois comme à ses plus belles heures. Il termine la saison avec un rating de 96,9, franchit pour la seconde fois de sa carrière la barre des 4500yds (4583) tout en complétant 67,1% de ses passes pour 30 touchdowns. Malgré la super saison de l’escouade offensive des Cards (qui aurait du valoir le titre de MVP à Warner) pas grand monde ne croit dans les chances de l’équipe. Ils n’ont plus gagné un match de playoffs depuis 1947 et si certains leur accordent une chance contre les Falcons, on ne leur en donne aucune contre les Panthers. Malgré cela, les Cardinals haussent leur niveau de jeu (en particulier défensif) et réalisent la performance inespérée d’accéder pour la première fois de leur histoire au Super Bowl après une victoire très aérienne contre les Eagles.
2009 : Après maintes hésitations, il signe un nouveau contrat de deux saisons avec les Cardinals. Même si ses statistiques sont moins consistantes que la saison précédente et malgré une commotion cérébrale subie au milieu de la saison, il parvient à qualifier les Cards en playoffs pour la seconde année consécutives. Il réalise au court du premier tour contre les Green Bay Packers l’une des plus belle performance de sa carrière et de l’histoire des playoffs. Il y obtient le deuxième plus haut rating de l’histoire (154,1), devient le deuxième quarterback à lancer 5 touchdowns au court de deux rencontres, et devient l’uns des rares quarterbacks à lancer plus de touchdowns que de passe incomplètes. Il dispute son dernier match le 16 Janvier 2010 contre les Saints de la Nouvelle Orléans. Eliminé par ces derniers, il annonce sa retraite le 29 Janvier 2010.
Palmarès et records :
- Vainqueur et MVP du Super Bowl XXXIV avec les Rams
- MVP de la NFL en 1999 et 2001
- Sélectionné trois fois au Pro Bowl : 2000, 2001, 2002
- Finaliste du Super Bowl XXXVI avec les Rams
- Finaliste du Super Bowl XLIII avec les Cardinals
- Plus grand nombre de yards lancés durant un Super Bowl : 414yds Super Bowl XXXIV
- Plus grand nombre de yards lancés au Super Bowl en carrière : 1156yds
- Plus grand nombre de yards lancés en une série de playoffs : 1147yds en 2009
- Plus grand nombres de passes de touchdowns en une série de playoffs : 11 en 2009 (à égalité avec Joe Montana en 1990)
- Plus haut pourcentage de passe complétées en carrière durant les playoffs : 66.5%
- Plus haut pourcentage de passes complétées sur un match en saison régulière : 92.3% (24/26 le 9/20/09)
- Plus haut pourcentage de matchs à plus de 300yds (minimum 100 matchs) : 41.9% (52/124)
- Plus grand nombre de matchs consécutifs à plus de 300yds : 6 (à égalité avec Steve Young et Rich Gannon)
- Quarterback le plus rapide à avoir réalisé 50 matchs à plus de 300yds (réalisé en 113 matchs)
- Quarterback ayant lancé le plus grand nombres de yards sur les deux premiers matchs de la saison : 827yds (2000)
- Plus grand nombres de match avec un Rating parfait : 3 (à égalité avec Peyton Manning et Ben Roethlisberger)
- Seul quarteback à avoir lancé 40 touchdowns et gagné le Super Bowl la même saison (1999)
- Seul quarteback à avoir lancé pour plus de 14000yds avec deux équipes différentes (Rams, Cardinals)
- Quarteback le plus rapide avec Dan Marino à avoir atteind la marque de 30000yds lancés (114 matchs).
On peut noter également qu’il est :
- Le deuxième quarteback de l’histoire à avoir lancé au moins 100 touchdowns avec deux équipes différentes
- Le deuxième quarteback de l’histoire à avoir réalisé 4 matchs consécutifs avec un rating minimum de 120pts
- Le deuxièmes quarteback à avoir lancé 5 touchdowns lors de deux matchs de playoffs
- Le seul quarteback à être invaincu à domicile en playoffs (7-0)
- Le deuxième quarteback à avoir disputé le Super Bowl avec deux équipes différentes
- Le deuxième quarterback à la moyenne de yards lancé par match avec 260.4yds/matchs
- Le deuxième plus haut rating en carrière (carrière terminée) avec 93.7pts
- Le deuxième plus haut rating en playoffs (carrière terminée) avec 102.8pts
- Le seul quarterback de l’histoire de la NFL à n’avoir jamais été blanchi au court d’un match…
Si on compare avec les 14 quarterbacks intronisés au Hall of Fame ces 25 dernières années, Warner montre en carrière un meilleur pourcentage de passes complétées, une meilleure moyenne de yards par passe complétée, et une meilleur moyenne de yards par match. Seuls Dan Marino, Brett Favre et Peyton Manning ont franchi plus souvent le cap de 300 yards de gains par la passe dans un match.
Kurt Warner a donc annoncé sa retraite le vendredi 29 janvier 2010 alors qu’il lui restait encore une année d’un contrat de 23 million de dollars et malgré le fait qu’il avait encore les capacités pour évoluer au plus haut niveau. Merci Mr Warner pour tout ce que vous nous avez donné au court de ces douze saisons.