Me Charlotte Plantin, avec la carte de voeux d'ActuaLitté à la main
« De angst grijpt me naar de keel » en néerlandais ça signifie « la peur me tenaillait le ventre », mais sous la plume du traducteur de « petits meurtres entre voisins », ça devient « le désir m’embrasait les reins »À moins que ce ne soit pas le traducteur qui ait été gagné par une incontrôlable frénésie sexuelle, mais bien l’auteur, la merveilleuse, la talentueuse, Saskia Noort qui a choisi d’allier les charmes troublants du roman rose aux effrois palpitants du roman noir.
Chers lecteurs, chères lectrices, chers jurés, Monsieur l’Avocat Général, chères mamies, cher Pépy, chers tous,
Il y a dans l’œuvre de Saskia Noort un mélange des genres qui est aussi délicieux qu’efficace et je vais laisser le soin à P. Torreton d’interpréter un des passages haletant et humide de l’ouvrage.
C’était soit une des nombreuses scènes de sexe torride qui vous aurait bien détendus là, piétinant comme des milliers d’usagers de la SNCF en ce début de grève, soit l’unique scène d’action où il n’y a pas un pénis qui traîne…
Évidemment, le Comédien a jeté son dévolu sur la scène d’action, on ne peut pas lui reprocher sa pudeur, c’est Philippe Torreton après tout
Alors comme les organisateurs du prix du Polar SNCF sont de moins en moins respectueux des droits de la défense et de l’ego des avocats, ils ont décidé cette année de limiter les plaidoiries à 3 minutes qui sont déjà pratiquement écoulées.
Dans ces conditions...
Soit, je ne parle pas de l’ouvrage, mais je vous parle de moi ;
Soit j’expurge les phrases, des sujets, des verbes et des compléments pour coller au timing et vous décris l’oeuvre de la façon suivante : livre/meurtre/322 pages/17.50 €/frissons/ coït /angoisse/ coït /course-poursuite/ coït / grosse policière lesbienne / coït / café hypocrite entre copines / coït /orgasme/ coït / coït /coït
Philippe Torrentino, Charlotte Plantin, Gilles Legardinier, Saskia Noork Guillaume Pépy et Éric Naulleau
Vous vous plongerez avec délices dans la vie de ces femmes désespérées, ces desperate housewives in english, ces wanhopige huisvrouwen en dutch,
et là je me dois d’ouvrir une parenthèse pour vous dire qu’en Hollande il y a 17 mots [wanhopen, hopeloos, dipbedroegt, overmand door verdrie, …] de plus de 11 lettres qui sont quasiment toutes des consonnes pour traduire « désespéré » ce qui est quand même assez symptomatique de cette atmosphère du nord de l’Europe, où je rappelle à l’assistance que le taux de suicide est particulièrement élevé, ce qui évidemment se prête parfaitement à un décor de polar…fin de la parenthèse.
Vous vous plongerez donc avec délices dans cette intrigue, dans ces psychoses de bourgeois de la banlieue d’Amsterdam qui ne sont pas sans rappeler les bourgeois de Neuilly sur Seine, la blondeur en plus et Jean Sarkozy en moins, dans ces adultères feutrés, dans la perversité des protagonistes.
Vous regarderez différemment vos voisins de palier, de bureau, de RER, de chambre et de table et craindrez que ceux qui vous sont les plus proches vous deviennent les plus nuisibles.
Mon temps est écoulé, celui du vote va arriver, alors en plus du sang, du stupre et de la sueur, emportez dans votre délibéré ce dernier argument :
Pensez à ces milliers d’usagers qui s’entassent sur le quai des gares, pendant que la SNCF élit son polar de l’année avant de déboucher le champagne, c’est à ces usagers que je pense, et qui auraient en cet instant besoin non seulement d’une bonne vieille intrigue bourrée de suspens, mais aussi…aussi…d’aller faire un petit tour au wagon-bar avec la belle Saskia et son Petits meurtres entre voisins Ach blift !