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L’enjeu des lanceurs: le positionnement commercial des microsatellites.

Publié le 03 février 2010 par Flyteamege

L’enjeu des lanceurs: le positionnement commercial des microsatellites.Avec près de 30  succès consécutifs depuis 2003, la fiabilité, la disponibilité et l’adaptation d’Ariane 5 au marché, lui permettent de capter plus de 50% du marché commercial. Mais au-delà de la satisfaction des besoins institutionnels, l’impératif de fiabilité d’Ariane 5 l’oblige à se tourner de plus en plus vers le marché commercial mondial, en répondant aussi largement que possible, aux attentes de ce marché. Car en effet,  la concurrence déjà solidement établie avec les lanceurs russes, ne pourra que se renforcer dans les prochaines années avec l’entrée en scène de nouveaux lanceurs chinois, indiens, japonais et américains.

D’autant plus que le marché commercial des satellites s’élargit considérablement : on assiste d’une part à une demande toujours croissante de satellites de grosse taille : le développement de l’internet mobile dans les pays riches le démontre, avec le lancement de TerreStar-1 en juillet 2009, d’un poids de 7 tonnes, qui est à l’heure actuelle, le plus lourd satellite civil jamais lancé. Et d’autre part, à la miniaturisation des satellites, dont les couts et les délais de fabrication sont très largement réduits, favorisant dès lors les nations qui ne disposent pas des technologies nécessaires, à faire leurs premiers pas dans l'espace.

Tableau 1 : Classement des satellites par taille

Classe de satellite

Masse sur orbite

Cout récurrent de réalisation

Grand satellite

> 1 tonne

> 150 millions d’euros

Petit satellite

De 500kg à 1 tonne

De 50 à 150 millions d’euros

Mini-satellite

De 100 à 500kg

De 10 à 40 millions d’euros

Micro-satellite

De 10 à 100kg

De 3 à 8 millions d’euros

Nano-satellite

De 1 à 10kg

De 300 000 à 2 millions d’euros

Pico-satellite

< 1kg

< 300 000 euros

: http://www.belspo.be/belspo/home/publ/pub_ostc/spacecon/38SC_FR.pdf

Dans le cadre européen de l'ESA, les pays européens ont donc décidé de constituer une véritable gamme de lanceurs, à savoir :

- Un lanceur "lourd": Ariane 5, dans ces différentes versions (A5 GS, A5 ECA), pour une capacité d'emport allant jusqu'à 9 tonnes en orbite géostationnaire (GTO),
- Un lanceur "moyen": Lanceur russe Soyouz au Centre Spatial Guyanais. Ce lanceur permet la mise en orbite des satellites d'une masse allant jusqu'à 3 tonnes sur l'orbite géostationnaire.
- Un lanceur "léger": le programme du lanceur VEGA, destiné à compléter la gamme de lanceurs européens pour le lancement de petits satellites (1 500 kg en orbite héliosynchrone 700 km).

Néanmoins avec son lanceur PSLV, l’Inde ambitionne de conquérir des parts au sein du marché des microsatellites, profitant ainsi de ses nombreux succès. Développé par l’ISRO, l’agence spatiale indienne, ce lanceur a réalisé l’exploit d’emporter sous sa coiffe dix satellites (dont huit appartenait à des nations ou des organisations étrangères) au cours d’un lancement en avril 2008. Pourtant, de plus en plus de programmes visent à placer rapidement et surtout à faible coût, des microsatellites en orbite basses, capables de couvrir des théâtres nécessitant une surveillance spécifique ou des relais de communications. Le cas d’Israël en est un très bon exemple : développant trois satellites de reconnaissance militaire, elle avait fait appel au centre spatial indien pour le lancement de TecSar en janvier 2008. Mais le cout d’un tir de fusée n’étant pas négligeable, Israël se tourne désormais vers des lancements effectués par avion: l’intérêt étant principalement économique, puisqu’aucune structure lourde n’est mise en place. De même, en ce qui concerne le microsatellite belge PROBA-1 de 94 kg, son lancement avec un lanceur indien avait coûté quelques 940.000 euros en 2001, soit 10.000 euros le kilogramme. Mais au regard du prix « attrayant » que l’on peut comparer au tableau ci-dessus, le principal inconvénient de ce lancement, repose sur le fait que PROBA-1 était un simple « passager secondaire »  et par conséquent, ne pouvait obtenir une orbite définie, celle-ci dépendant de la mission du satellite principal.

Dès lors, des sociétés commerciales se sont développées pour répondre à ce besoin d’accès à l’espace de façon rapide, personnalisée et à faible coût. C’est le cas d’Orbital Sciences Corporation (OSC), entreprise américaine ayant développé ses fusées Pegasus, Taurus et Minotaur. En Europe, c’est le programme Aldebaran, dont le Centre national d’études spatiales (CNES) ainsi que les agences spatiales espagnoles et allemandes y participent. A l’instar du Pegasus américain, le concept MLA : Micro-Lanceurs Aéroportés, prévoit d’utiliser un Rafale Marine pour le lancement de microsatellites. D’autres projets sont également à l’étude en France, notamment celui du lanceur spatial VEHRA (Vehicule Experimental Hypersonique Réutilisable Aéroporté), proposé par la division Espace de Dassault Aviation, dans le cadre du programme de recherche européen FLTP.

De tels projets permettraient ainsi à l’Europe de maintenir son leadership face aux marchés des satellites commerciaux mondiaux, et d’apporter par la même occasion une alternative aux calendriers parfois complexes de l’ESA, qui doit garantir en parallèle, les besoins institutionnels de l’Europe. En complément du lanceur léger VEGA, ces projets serraient donc à même, s’ils voyaient le jour, de répondre aux enjeux concurrentiels de demain, face à l’émergence de nouveaux acteurs.

Christophe Badr

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http://www.lesechos.fr/medias/2009/0526/300351509.pdf

http://wwww.enseignementsup-recherche.gouv.fr/espace/espthem.htm#lanceurs

http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/astronautique/d/un-lanceur-pslv-indien-place-dix-satellites-en-orbite_15408/

http://www.belspo.be/belspo/home/publ/pub_ostc/spacecon/38SC_FR.pdf

http://zonedinteret.blogspot.com/2009/03/satellites-tactiques-et-vecteurs.html

http://www.senat.fr/rap/r00-293/r00-2934.html

A propos de l’auteur :

De formation scientifique, Christophe  Badr possède un double diplôme d'ingénieur ESTIA et un MSc of Advanced Technology Management. Christophe  complète  sa formation par un 3ème cycle en Stratégie & intelligence économique. Au fil de ces expériences professionnelles, Christophe s’est spécialisé dans le domaine de l'industrie aéronautique.

A propos de l’AEGE :

Créée en 1997, l'AEGE est le réseau des experts en Intelligence Economique. Il regroupe les diplômés de l'EGE et les étudiants en cours d'année universitaire. En dehors de son rôle de fédération des diplômés de l'EGE, l’AEGE mène des campagnes de sensibilisation autour de l'intelligence économique. Par le nombre d'anciens présents dans la sphère IE, l’association AEGE est aujourd'hui un véritable réseau d'experts des métiers, des pratiques et savoir-faire en intelligence économique.

L'AEGE a pour principal objectif de développer les synergies au sein du réseau des anciens étudiants de l'Ecole de Guerre Economique. L’AEGE accompagne ses adhérents dans les démarches d'insertions professionnelles, mobilise le réseau des anciens sur des projets professionnels, informe et forme les anciens au travers de conférences et de seminaires.


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