Il était temps de réagir : plus de 20 ans après les premières marées vertes, et près de un an après le décès d’u cheval mettant en évidence la dangerosité du phénomène pour les promeneurs, l’état semble attaquer le problème des algues vertes, qui concerne plus généralement toute une filière de l’agriculture intensive. Fin Aout 2009, Jean Yves le Drian, président du Conseil Régional, s’en remettait à la responsabilité du législateur. Aujourd’hui Le secrétariat d’Etat chargé de l’Ecologie présentera en Conseil des ministres un plan quinquennal contre les algues vertes, prévoyant d’une part la création d’une filière de ramassage et de traitement, mais aussi des contraintes sur les agriculteurs. Ces derniers, selon le ministère, ont accueilli favorablement ce plan. Mais de leur côté, les associations écologistes se plaignaient, hier, de ne pas avoir été écoutées. « Contrairement à ce qui avait été annoncé, le gouvernement va boucler, seul, un plan sans concertation », déplore Gilles Huet, d’Eau et Rivières.
L’Etat prévoit donc d’apporter une contribution de « plus de 40 millions d’euros » sur les deux premières années du plan, 2010-2011, afin de viser « dès 2010″ l’élimination des algues échouées sur les plages bretonnes, précise le communiqué de Chantal Jouanno, Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie.
Ce phénomène des marées vertes se développe depuis des décennies par les excès de nitrates issus des engrais agricoles drainés par les ruisseaux et rivières qui se terminent sur les plages : le plan vise au respect des limites le taux de nitrates à 10 mg par litre dans les rivières, au lieu des 50 mg admis pour la consommation humaine.
L’enveloppe de 40 M sur deux ans permettra à l’Etat de contribuer au ramassage, au financement de plateforme de compostage des algues ramassées, au plan de méthanisation, et « d’accompagner les évolutions nécessaires des pratiques agricoles ».
Car de leur côté, les agriculteurs seront invités à modifier leurs pratiques en matière d’engrais, « une mesure essentielle » insiste le secrétariat d’Etat à l’Ecologie, puisque « le volume des engrais minéraux azotés achetés par les agriculteurs bretons est égal au volume des excédents d’azote en Bretagne ».
Enfin, l’Etat veut encourager la méthanisation des algues collectées, afin d’en produire de l’énergie. Par ailleurs, les porteurs de projet intéressés par le ramassage et le traitement des algues vertes devront s’engager à collecter également le lisier sur le territoire concerné.
Enfin, il s’agira de récréer des espaces naturels tampon pour ménager les cours d’eau qui se jettent dans la mer: ainsi, en baie de Saint-Brieuc, l’objectif sera de réhabiliter 20% du territoire en zones humides, prairies, haies…