Magazine Journal intime
Plus je vois d'expats, et plus je me dis que le choc culturel peut devenir une drogue. On part à la recherche de cette sensation forte. Un peu comme d'autre sont fous de sauts en parachute, tu aimes te jeter là où tu n'as rien à faire, juste pour l'adrénaline. Tu survis dans ce milieu hostile, tu repousses tes limites, tu fais un effort à la fois physique et mental pour t'adapter, manger ce que tu n'aurais pas manger, t'en sortir dans ce hall de gare bondé, ou rien ni personne n'est là pour te tendre la main. La découverte et l'aventure au bout de la rue, c'est stimulant, c'est même grisant.
Comme avec une drogue, il te faut ton shoot, mais il t'en faut de plus en plus souvent, et de plus en plus fort. La dose de la veille ne suffit plus, on connaît la sensation, il faut aller plus loin. Plus loin pour moi, c'était la Chine après l'Autriche. L'envie de parcourir le monde, de connaître tout, d'aller le plus loin possible de ce que nous sommes, pour voir comment c'est ailleurs, ouvrir de nouvelles portes, voir avec des yeux différents, un regard qu'on ne (se?) soupçonnait pas. Et puis soudain, Eureka, j'ai compris, je comprends ce que veut dire ce chauffeur de taxi, je comprends ce que veut dire ce vendeur ambulant. Je comprends le regard qu'il jette sur leurs traditions, sur leur bout de terre, sur le monde.
Rassasié? Loin de là. J'en veux encore, j'ai encore soif, j'en veux davantage. Et si ce qu'il me restait à découvrir était beaucoup plus important que ce que j'avais déjà vu? Je n'en peux plus, je stresse, je me gratte, vite, il me faut mon fixe. De l'exotisme en poudre, en concentré, je prends tout ce que vous avez, du moment que je peux me piquer. Ça va me calmer...pour un temps...
ps: (Photo prise à Bangkok, Septembre 2007)