A l’heure où Avatar est en passe de rafler une bonne poignée d’Oscar à la cérémonie du 7 mars prochain, KUB3 revient sur la partition de ce film-monument, elle-même nominée dans la catégorie de la meilleure bande-originale… Une sélection bien contestable : entre l’excitation de revoir se nouer une collaboration trop sporadique entre James Cameron et James Horner, et le bonheur de voir le compositeur sur un gros film épique, Avatar déçoit pour de nombreuses raisons, toutes plus prévisibles les unes que les autres.
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Pour les non-béophiles (amateurs de musique de films), James Horner est surnommé dans le milieu “la photocopieuse”. Depuis ses premières armes dans les années 80 qui, sans révolutionner la musique de films, ont été une claque magistrale à l’époque du tout synthétique, on peut citer : Willow de Ron Howard, Aliens de Cameron ou encore Land Before Time, le dessin animé plus connu chez nous sous le nom de Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles.
Pourquoi la photocopieuse ? Tout d’abord Horner aime sa propre musique et surtout un de ses motifs, quatre notes qu’on retrouve dans la plupart de ses scores et qui sonnent comme une défaite. Ensuite, l’ancien prodige adore venir picorer dans la musique russe, celle de Tchaïkovski, de Prokofiev ou de Khatchaturian. En perte de vitesse depuis le début des années 2000, l’annonce de sa nouvelle collaboration avec Cameron faisait frémir d’envie les amateurs de musique de films.
Le premier constat à l’écoute hors du film est assez frappant et rappelle étrangement les sentiments provoqués par les premières images de Avatar. Du classicisme, des thèmes déjà entendus cent fois et surtout une musique stéréotypée. Percussions, flûtes et harmonies asiatiques lorsqu’on navigue au côté des gentils Na’vi ; caisses militaires, cuivres et une pointe d’électronique, dès qu’on s’approche des méchants humains. Aucun morceau de bravoure (ou presque, à part les deux premières minutes de “War !” qui surnage légèrement grâce à une envolée de trompette simplement majestueuse), aucun éclair de génie dont Horner nous a gratifié par le passé. Déception, donc.
Une fois le film subie, on découvre que la musique accompagne le film parfaitement. Ensemble, ils forment une œuvre audiovisuelle compacte et homogène. La musique colle à Avatar à la perfection. Donc deuxième déception. Sans jamais quitter une seule seconde le tracé caricatural de Cameron, Horner reste premier degré, sans le moindre envol, sans la moindre folie.
La partition de Horner montre bien le mal qui sévit depuis plusieurs années (certains diront décennies) dans le milieu de la musique de films : l’impression que le compositeur est là pour coller au film, le servir sans avoir une propre vie à lui. Au même titre que le film, la musique d’Avatar est donc une double déception. Ni originale, ni surprenante, elle n’a pour elle que sa qualité de production, impeccable. Mais à quoi bon ? Quel plaisir ? Quelles sensations à l’écoute de la musique ? Aucune. Juste celle de l’avoir déjà entendu un millier de fois.
Tracklist
1. “You don’t dream in cryo…..”
2. Jake enters his avatar world
3. Pure spirits of the forest
4. The bioluminescence of the night
5. Becoming one of “The People” Becoming one with Neytiri
6. Climbing up “Iknimaya - The Path to Heaven”
7. Jake’s first flight
8. Scorched earth
9. Quaritch
10. The destruction of Hometree
11. Shutting down Grace’s lab
12. Gathering all the Na’vi clans for battle
13. War
14. I See You (Theme from Avatar) by Leona Lewis
Crédit de la photo : Avatar © Fox