Sonatine survient. On a pris l'habitude de regarder tout cela de très haut. Banalité anonyme des couvertures, titres affligeant où le déjà vu le dispute à l'interchangeable. "Lignes de sang", "Vendetta", "Un sur deux", "Au-delà du mal"...
"Un sur deux" est écrit par un natif de Leeds, les Britanniques me fichent vraiment la trouille. Si je me souviens bien, un serial-killer espionne un couple, capture ses deux proies, crève l'oeil et bousille un tympan au premier avant de l'obliger à assister aux tortures qu'il inflige au second. A la fin, il n'en reste qu'un sur deux, celui qui a trahi son compagnon... Joli titre finalement, de la belle ouvrage mais vous ne dormez plus, vous n'avez plus d'ongles et vous vous sentez observé.
Avec "Au-delà du mal", vous retrouvez les rassurants auteurs américains, avec leurs sempiternelles histoires de serial-killer. A force, on n'a même plus peur. Sauf que. Shane Stevens a commis son méfait en 1979. Il n'est pas l'enfant illégitime d'une histoire sans cesse répétée mais l'un de ses pères putatifs. La quatrième de couverture convoque Ellroy et King pour tresser les compliments hyperboliques habituels. Mérités en l'espèce. L'auteur utilise Caryll Chessman et sa peine de mort tout à la fois comme arrière-plan, personnage et subterfuge.
Et aujourd'hui est un bon jour pour les lecteurs puisque Dorham , Zoridae et Balmeyer nous donnent de leurs nouvelles tandis que Nef est amoureuse.
photo : Bob Jakobsen, Los Angeles Times. Caryl Chessman et un flic en 1948.