Amazon victime des vils éditeurs, voilà bien une communication tout à fait spécieuse et un classique de la firme de Seattle. En supprimant les livres de l'éditeur McMillan ce week-end, avant de « capituler » devant la pression, c'est une véritable débâcle que le cybermarchand vient d'encaisser.
Et voilà qu'elle se présente comme défavorisée dans les exactions que l'éditeur a commises. Sauf qu'en réalité, personne n'est dupe : Amazon se contrefout des livres vendus, Amazon n'a rien à fiche de ce genre de peccadille. Car Amazon veut vendre.
La société présentait en effet la nouvelle de son abdication devant les forces que représente la maison McMillan, avec quelques trémolos dans le billet paru sur son blog. Ensuite, la stratégie se dessine simplement : faire passer dans l'esprit des lecteurs que McMillan exerce un monopole - nous y reviendrons - et surtout que les tarifs réclamés sont véritablement trop élevés, tout en valorisant les autres maisons qui elles se montrent plus raisonnables, en acceptant docilement les conditions dictées.
Monopole. Dans la bouche de Jeff Bezos, cela ferait rigoler si ce n'était pas tragique. Un éditeur qui a le monopole sur ses livres, cela relève du délire. Ou alors, c'est un moyen vil pour employer un terme bien à la mode, qui rappelle Google books, par exemple, et rangera l'opinion publique derrière lui.
Quant à la capitulation... elle est particulièrement intéressante, car Amazon n'a pas dit, capituler sur-le-champ, mais « à terme ». Soit une fourchette de temps entre tout de suite et quand nous aurons trouvé de nouveaux accords avec la maison d'édition concernée. Voire quand l'iPad sera vendu partout dans le monde, pourquoi pas ?
Maintenant question : les éditeurs emboîteront-ils le pas à McMillan ? Difficile à dire. En tout cas, il ne vaudrait mieux pas, puisque l'action d'Amazon a perdu plus de 5 % durant la journée de cette annonce, et qu'en regard du nombre d'éditeurs qui pourraient se fâcher, on dépassera allégrement la catastrophe financière...