Je me pose beaucoup de questions sur la performance de l’équipe de France lors de ce Tournoi 2010.Oh, pas à cause du niveau de l’équipe qui nous a montré des choses intéressantes récemment ou des joueurs sélectionnés, non, mais plutôt à cause du calendrier complètement désarticulé du rugby français. Les joueurs qui attaqueront le Tournoi, ce dimanche, devront être performant physiquement alors que, en plus d’avoir déjà joué plus que leurs adversaires ( 26 matchs pour les clubs français jusque là ), ils auront dû se coltiner 2 matchs en semaine en plus de ceux du week-end, et ce en moins d’un mois. Or, lorsque l’on se rappelle comment les joueurs du Top14 avaient accusé le coup en 2007 lorsque cela était déjà arrivé, mettant 3 mois à retrouver un niveau de performance acceptable, il y a de quoi s’inquiéter sur l’état de forme de l’équipe de France au moment d’affronter des adversaires dont la fraîcheur physique est définitivement meilleure.
Une défaite en Ecosse serait un boulet à traîner pendant toute la compétition :
Comme l’an dernier, avec un déplacement en Irlande, l’équipe de France joue gros sur ce premier match. Une défaite et c’est immédiatement une énorme pression au moment de recevoir l’Irlande qui, elle, après une mise en jambe contre l’Italie, devrait arriver au Stade de France sure de sa force et en pleine condition physique. Difficile, dans ce cas-là, d’espérer pire démarrage ! Les français seraient obligé de réussir l’exploit, comme l’an dernier face au Pays de Galles, lui aussi vainqueur du Tournoi précédent par Grand Chelem mais, cette fois, avec le handicap d’une fatigue physique qui doit être encore plus forte. L’équipe de France a déjà perdu Mermoz, Traille, Barcella, Millo-Chluski, Tillous-Borde ( sans compter Dupuy ) et Chabal, série en cours et les trois-quarts Toulousains semblent bien moins fringant cette année que par le passé à tel point même qu’il n’y en a presque plus dans la composition d’équipe…
Alors, bien sûr, l’équipe de France est largement supérieure à l’Ecosse et, même diminuée physiquement, elle doit être capable de battre son adversaire. Ce qui permettrait de se donner quelques assurances avant de rencontrer une Irlande forte d’un Grand Chelem et d’une tournée d’automne plutôt satisfaisante. Mais, en même temps, les équipes du Munster et du Leinster se sont montrées bien poussives au moment de se qualifier pour les quart de finale de la H Cup. Il ne reste plus qu’à espérer, donc, que Mathieu Bastareaud reproduise la performance de l’an dernier face à O’Driscoll, cette fois, et que Thierry Dusautoir et le pack français prennent le dessus sur leurs adversaires directs, un match du tonneau de celui réalisé face à l’Afrique du Sud, pour que cela passe et que l’on rêve ensuite d’exploit du côté de Cardiff.
Quoi qu’il arrive ce Tournoi sera difficile et compliqué pour l’équipe de France et ce pour 2 raisons. La première, je l’ai déjà dit, provient de la fatigue supplémentaire qui pèse sur les épaules des joueurs français, au contraire de leurs adversaires qui gèrent leur calendrier en faveur de la saison internationale. La seconde provient du calendrier de la compétition en lui-même. Attaquer par une double confrontation celtique, déplacement en Ecosse, réception de l’Irlande alors que Marc Lièvremont retrouve juste ses joueurs c’est, bien sûr, compliquer encore la tâche française et ce, même si, maintenant, le fait d’avoir une ossature forte et donc stable, notamment pour les avants, donne des garanties de continuité dans la performance. Enchaîner ensuite au Pays de Galles est un sacré pari. Avec 2 victoires avant ce match, il serait certain que les français seraient suffisamment en confiance pour relever le défi de jeu que ne manqueront pas de nous imposer les Gallois. Sans cette confiance, la France se contentera sûrement de vouloir gagner le combat du défi physique et de l’organisation défensive en espérant ainsi étouffer leur adversaire et l’emporter. J’ai du mal à croire que les Gallois tomberont 2 fois de suite dans le même piège et subiront sur leur terre la loi imposée par la force des avants français.
En cas d’un scénario à 2 défaites, il ne resterait plus que le dernier match, contre l’Angleterre à St Denis, pour sauver positivement un Tournoi 2010 définitivement en demi-teinte au regard du potentiel français. Difficile pour le moment de prévoir à quoi ressembleront les Anglais à la fin du Tournoi. Martin Johnson continuera-t’il à faire les mauvais choix ou aura-t’il tiré les enseignements de ses erreurs ? Réponse dès le premier match…
Le vainqueur d’Angleterre – Pays de Galles comme favori du Tournoi :
Le favori du Tournoi 2010 devrait être le vainqueur du match Angleterre – Pays de Galles. En effet, si les Anglais l’emportent, après un déplacement en Italie qui devrait, tant bien que mal, être assuré, ils se retrouveraient en position de force pour recevoir une équipe d’Irlande qui sera passée par Paris et qui surtout, cette année, à un calendrier très défavorable. L’Angleterre, du coup, pourrait même se retrouver à jouer le Grand Chelem au Stade de France lors de la dernière journée. Difficile à imaginer en l’état actuel des choses et notamment au regard des erreurs du passé, mais ce pays possède un réservoir intéressant de jeunes joueurs qui évoluent dans des clubs structurés où ils ont acquis des bases physiques suffisantes pour appréhender le haut niveau. La difficulté repose maintenant dans la capacité du sélectionneur à composer la bonne alchimie pour que l’équipe de la Rose redevienne performante. Si elle passe l’écueil Gallois, le calendrier lui est ensuite favorable pour se redonner un rôle qu’elle n’a plus connu depuis longtemps.
Les Gallois doivent encore être frustrés de leur dernier Tournoi. Une victoire à Paris aurait tout changé et leur aurait certainement permis de disputer un nouveau Grand Chelem lors du dernier match face à l’Irlande. Ils se doivent une revanche et cela passe par Twickenham. Une victoire et les 2 matchs suivants sont à domicile, l’Ecosse et la France, ce qui permettre de monter en puissance avant d’aller en Irlande. Si celle-ci, dans le même temps, a connu des difficultés à Paris, les Gallois peuvent prendre leur revanche et rêver alors de Grand Chelem.
En parlant de Grand Chelem, même si j’ai plusieurs fois évoqué cette hypothèse et que les 4 nations majeures peuvent y prétendre, il me semble difficile d’imaginer une équipe arrivant, cette année, à le remporter. Il serait d’ailleurs drôle d’imaginer que la France face chuter l’Angleterre lors de la dernière levée. Ce serait, je suppose, une maigre consolation mais qui permettrait, certainement, à beaucoup de supporters tricolores de lever leur verre…
Un favori et 2 petits qui doivent jouer les troubles fêtes :
Un petit mot sur l’Ecosse et l’Italie qui peuvent faire mieux qu’être de simple faire valoir. Obligatoirement la France est LA cible privilégiée des Ecossais. En gagnant ce match, ils ont sauvé leur Tournoi dès le premier match. Pour les Italiens, la réception de l’Angleterre, pourquoi pas, si celle-ci vient de perdre contre le Pays de Galles, pourrait être le gros coup de l’année. La réception de l’Ecosse sera, bien sûr, le match à ne pas perdre parce que, pour le reste, cela sera très compliqué…
Le favori maintenant. Difficile cette saison de se prononcer au vu du calendrier qui ne favorise pas l’Irlande. Encore une fois, pour moi, le vainqueur d’Angleterre – Pays de Galles aura posé une option sur le classement final et même si la logique veut que ce soit les Gallois qui présentent le meilleur potentiel, j’ai tendance à penser que les anglais ne peuvent pas rester au fond du gouffre éternellement…