Alors ? Personne n'en veut des lettres de Jacques Mesrine, l'ennemi public numéro 1, qui écrivait alors sa flamme à une admiratrice canadienne ? Les enchères qui devaient avoir lieu samedi à Drouot se sont bien déroulées, mais finalement, le lot de 111 lettres d'amour n'a pas convaincu...
Peut-être une mise en vente un peu excessive (entre 60 et 80.000 €) ? Or, s'il est en France interdit de gagner de l'argent avec le récit de ses aventures criminelles, que dire de la vente de lettres d'un criminel endurci ?
Cité par La Presse, Frédéric Castaing, qui expertisa le courrier, justifie la mise en vente par leur intérêt historique. « Mesrine était un personnage sulfureux, qui a marqué les esprits et qui appartient à la mémoire collective... Il ne s'agit pas de faire son apologie. La mise en vente de lettres de Victor Hugo, de Baudelaire, voire de Louis XIV suscite souvent moins d'intérêt que celle de lettres de Mesrine. »
On se souviendra que sur toutes les lettres, des dessins enfantins, avec ici Titi, là des bouquets de fleurs, chose qui n'aura cependant pas non plus attiré le public.
Finalement, les lettres de Mesrine n'auront intéressé personne, et cela compense peut-être l'absence complète de réflexion sur la moralité d'une telle mise en vente, ainsi que nos cousins québécois ont pu s'en inquiéter...
« Mesrine fait recette sur le plan médiatique, mais les acheteurs ne se sont pas bousculés, malgré la foule présente dans la salle », note Dominique Ribeyre, commissaire-priseur. « L'ensemble des lettres n'a pas été vendu. Nous avons eu des enchères jusqu'à 48.000 euros, mais le prix de réserve de 50.000 euros n'a pas été atteint. »
Bruno Mesrine, fils du criminel, présent durant la vente est intervenu : « Vendre des choses sentimentales, ce n'est pas très moral. Mais si mon père était encore vivant, il dirait à Joyce : vas-y, si cela peut te permettre de t'en sortir aujourd'hui, profites-en. »