Informer, c’est résister et préparer la riposte !
Informer, c’est faire la guerre à tous ceux qui paieraient cher pour ne plus vous voir faire votre travail.
Tout est fait pour divertir et faire diversion. On relativise, on décontextualise, on obscurcit pour empêcher toute analyse courageuse. Seule une information mise en perspective renforce un regard critique.
Le fait divers est au journalisme ce que le bal musette est à la musique : si on ne danse pas, on ne s’amuse pas ! Et si l’info en continu est au journalisme ce que le spot publicitaire est au Septième Art et la restauration rapide à notre belle et grande tradition culinaire : qu’est-ce qu’une information événementielle ? Une part d’audience et une part de marché, et rien d’autre.
Votre information ne sera pas un spectacle, une vitrine, un tremplin, mais une libération. Pas de mise en scène donc ! Car l’information événementielle est au journalisme ce que la messe est aux enterrements : elle n’explique rien cette messe et cherche à faire de nous des êtres résignés... face à l’inéluctable. Si les voies de Dieu sont impénétrables, sachez que les voies de leur information verrouillée longtemps à l’avance le sont tout autant.
Votre métier ne consiste pas accompagner les événements pour mieux les tenir en laisse et faire en sorte qu’ils n’échappent pas à la censure mais... à les prévoir et à les dénoncer, tous ces événements et apporter la contradiction à tous ceux qui... une nouvelle fois, paieraient très cher pour que tous ces événements demeurent inaccessibles car... incompris.
Votre information aura pour vocation première et dernière de mettre en lumière l’arnaque incommensurable qui se cache derrière tous ceux qui ont la prétention de faire de nous des êtres soi-disant libres et responsables, alors qu'il est surtout question de faire en sorte que nous soyons dépassés par une réalité volontairement incompréhensible.
Une information digne de ce nom ne se consomme pas, elle se déguste comme on déguste un vin, un grand millésime, un grand cru, grand et rare. Un journaliste n'a pas à rassurer, à inquiéter, à fabriquer du réel qui n‘a de réel que le somme de toutes leurs manipulations face auxquelles, noyés dans des "pourquoi" et des "comment" restés sans réponses, on s’interdit tout questionnement.
Posez-vous toutes les questions et tentez d’y répondre avec audace et honnêteté. N’hésitez pas à froisser toutes les susceptibilités et à gêner tous les intérêts ! L’information qui sortira de votre rédaction par la grande porte et la tête haute révélera au monde le réel tel qu’il est.
Ne cherchez pas l’émotion car l’émotion est le pire des mensonges quand il s’agit d’éclairer la vérité. Cherchez une prise de conscience, lucide et déterminée. Votre information réveillera les consciences endormies ; et si vos lecteurs en perdent le sommeil : eh bien, tant mieux !
Votre information ne soumettra personne. Vous ne nous adressez pas à des consommateurs mais à des êtres doués de raison. Vous n'êtes pas là pour asservir, ni pour servir qui que ce soit et vous servir au passage.
En revanche, votre information doit combattre sans relâche un système barbare, hautement civilisé et sophistiqué qui cherche inlassablement à pénétrer le mental de pauvres bougres qui, si rien n'est fait, mourront sidérés.
Aussi...
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs les journalistes : faites la guerre à l’information désincarnée une bonne fois pour toutes les fois où cette information a tenté de nous prendre, encore et toujours, pour des demeurés.
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Tableau représenté : "Double face" de l'artiste Ursula ULESKI - 45 x 37 technique mixte.
Galerie de l'artiste : http://peinture.artiste.uleski.over-blog.com