C’est un véritable scandale qui agite le petit monde des hauts fonctionnaires européens depuis la révélation, il y a quelques jours, d’un cas de « porte tournante » qui remonte pourtant déjà à 2008. Les « portes tournantes », ce sont ces allers et retours de fonctionnaires européens entre des institutions européennes et le secteur privé. Cette fois, il s’agit de Suzy Renckens, qui fut à la tête de l’unité OGM de l’AESA (Agence Européenne de Sécurité des Aliments) d’avril 2003 à mars 2008 et s’est retrouvée propulsée quelques semaines plus tard à un poste clé de lobbyiste pour la société agro-semencière Syngenta. Sa mission, approcher et convaincre les autorités comme l’Unité OGM dont elle dirigeait la branche scientifique auparavant au sein de l’AESA, du bienfait des OGM.
L’AESA, bien que les nouveaux postes des ex-fonctionnaires européens soient soumis à approbation jusqu’à deux ans après leur démission, a été muette pendant plus d’un an, ne contactant l’intéressée qu’après que l’affaire soit révélée, en décembre dernier.
Cette affaire jette encore un peu plus le doute sur l’AESA et son panel d’experts, soupçonnés d’être ouvertement pro-OGM. Et ce non sans raison : jusqu’à aujourd’hui cette autorité a rendu 100 % d’avis positif sur l’innocuité des plantes OGM soumises à autorisation.
Quand à la nouvelle commission Barroso, elle semble dans la droite lignée de la précédente, prête à autoriser une avalanche de plantes génétiquement modifiées pour l’importation ou la culture. Ainsi lors des classiques auditions par le parlement des futurs commissaires, Monsieur Dalli, commissaire à la santé et à la politique des consommateurs, leader sur la question des OGM, a promis des « décisions rapides » voir accélérées concernant les nombreuses autorisations d’OGM en attente. De son côté, le commissaire à la recherche Monsieur Geoghegan-Quinn a, quant à lui, affirmé qu’il tenterait au maximum de renforcer la compétitivité européenne dans le domaine des biotechnologies afin de contrecarrer la Chine et l’Inde.
La vigilance est donc de mise, d’autant que plus d’une cinquantaine de plantes génétiquement modifiées sont en attentes d’une autorisation européenne.