Si j’étais réalisatrice de films de flippe en France, je me sentirais écrasée d’un côté par le je-m’en-foutisme ambiant du grand public, de l’autre par la pression des aficionados du genre attendant avec ardeur la bombe horrifique française. Les uns craindront le nanar annoncé, les autres voudront un chef d’oeuvre d’emblée.
Difficile donc d’assumer ce rôle dans un pays où le film fantastique/d’horreur est stigmatisé. C’est bien connu qu’en France, on est plutôt abonné aux comédies et aux films d’auteur (oh c’est beau les clichés).
Pas facile d’aller voir dans ces conditions un film de zombies français sans à priori.
Dimanche dernier, les résultats du Festival international du film fantastique de Gérardmer sont tombés. Alors que l’on prédisait un prix du public (décerné finalement au canadien Eric Tessier pour son 50 rue des Ormes) pour La Horde, ce dernier repart avec le prix du jury SciFi, le grand prix étant revenu à l’allemand Anno Saul pour son The Door.
Mais La Horde n’est pas un film de festival (comme me l’a confié l’un des scénaristes, d’ailleurs interview à venir), c’est un premier film couillu, avec de vrais morceaux de zombies à l’intérieur, surtout truffé d’action et d’humour. J’ai un peu zieuté la réaction des spectateurs sur Twitter et force est de constater que le film a déçu. Enfin, tout est relatif, car il a surtout déçu les “experts” qui s’attendaient à un truc qui allait balayer tout ce qu’ils avaient déjà vu jusque là.
La Horde souffre certes des défauts d’un premier film (son, montage..), mais il fait plaisir.
La première chose que je me suis dite en sortant de la salle, c’est que j’avais passé un vrai bon moment.
Malgré un début balbutiant et on met très vite les deux pieds dans l’action dès lors que l’on pénètre dans la tour. Certains y verront un savant mélange d’Assault et de L‘Armée des morts. Sans conteste, le film est truffé de références, mais l’on dénotera une véritable french touch à laquelle on adhère de bon coeur.
J’ai aimé :
- les personnages (même s’il aurait fallu creuser un peu plus la psychologie des protagonistes, sans doute un manque de temps). Une mention spéciale pour Jean Pierre Martins, Eric Ebouaney et Yves Pignot.
- l’humour, franchouillard et touchant (certains critiqueront les clichés, arrêtons d’être tatillons)
- l’action (j’ai trépigné sur mon siège, ils n’y sont pas allés de main morte !)
- les zombies (ah comme j’aurais aimé faire partie de ces 300 veinards qui se sont portés volontaires pour tourner cette fameuse scène…)
- un premier film sans prétention
Peu importe que les zombies courent (oui pour les puristes, un zombie, ça ne court pas), ou bien qu’il reste quelques points obscurs (certains d’éléments restent flous ou sans réponse), on sent que les mecs se sont fait plaisir, qu’ils ont voulu nous faire plaisir et toute cette bonne volonté fait que ce film est attachant.
Je n’attendais pas un film parfait. J’admire les mecs qui ont eu l’audace de faire un film comme ça en France, c’est un véritable challenge. Allez-y sans préjugé, même ma moitié, vierge de toute expérience zombiesque a kiffé le moment.
Vous m’en direz des nouvelles (attendez la fin du générique, les remerciements m’ont fait mourir de rire).
De toutes façons (attention phrase cliché), tous les goûts sont dans la nature. Y en a même qui n’aiment pas Braindead. Non mais vous y croyez ?