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"Huit Clos sur le net" : une expérience pleine d'amalgames

Publié le 02 février 2010 par Veroniquer

huit_clos

En ce moment, a lieu une 'expérience' intitulée Huis clos sur le net, à l'initiative de l'association RFP ( Radios Francophones Publiques), recoupant donc la France, la Belgique et le Canada, dans ce que j'appellerai pour ma part une belle coproduction. Cinq journalistes représentants les différentes entités sont installés dans une ferme isolée du Périgord. Pourquoi le Périgord ? Belle région au demeurant. Symbole d'isolement et/ou synonyme de bons repas. Peu importe. Peut-être tout simplement avantageux financièrement pour la production. Cinq journalistes radio, isolés donc, pendant 5 jours avec, pour seule source d'information, Facebook et Twitter. Ils rendent compte régulièrement de leurs perceptions sur un blog, ne doivent utiliser que les 'titres' qui apparaissent et ne peuvent cliquer sur les liens qui les accompagnent (@Hugobiwan: réponse à ta question sur le non accès aux liens, ici). Intéressant de constater qu'il s'agit d'une initiative provenant de radios francophones, qui auront en tout cas réussi à communiquer sur Internet. A noter que l'on trouve également sur le blog les liens vers les sujets radio des journalistes. Au-delà, s'ensuivent inévitablement des amalgames en tous genres sur lesquels j'aimerais m'arrêter le temps de ce billet.

Inévitable - semble-t-il - à l'heure numérique, les oppositions arrivent presque toujours avant la perspective des collaborations. Ici: journalistes vs blogeurs (comprenez information vs opinion), médias 'traditionnels' vs univers digital, baisse des ventes des journaux, etc., tout y est mélangé. Et l'expérience/communication en question n'aurait pas plus d'intérêt que cela - à part l'envie, pourquoi pas, de lire ce qu'écrivent des journalistes radio qui, après tout, sont des journalistes et des personnes avec des talents et des approches différentes, utilisateurs de services en ligne qu'ils semblent découvrir - intérêt donc de voir ce qui se développe autour. Par exemple, cet article, dans 20 minutes.fr: Dominique Cardon: Internet produit une bonne information (2 février 2010). Désolée pour la journaliste qui a mené l'interview auprès de ce sociologue, mais, pour le coup, il recense exactement dans la formulation des questions les amalgames potentiels.

Par exemple, question conclusive: 'Cet exercice pose également une question: est-il possible de bien s’informer sur Internet ?'

'Bien s'informer': Sur Internet, comme ailleurs, nous sommes tous consommateurs des mêmes sources d'information. L'avantage d'Internet est que l'on peut, si on le souhaite et si on le peut, recouper/croiser plus facilement les sources. Mais 'bien s'informer' n'a rien à voir. Il s'agit d'une question d'éducation (préliminaire). Il me semble qu'il est primordial de tenter de donner côté jeunes générations les outils, la méthode critique (au bon sens du terme). Je me répète, mais l'enseignement de la philosophie, par exemple, peut être ici considéré comme un excellent outil. Il en est d'autres. S'interroger, réfléchir, mettre en contexte, connaître l'histoire, ne serait-ce que ceci...

'S'informer sur Internet': par définition, l'Internet est une source d'accès quasi mondial à quasi toutes les sources. Radios, télévisions, journaux, fonds publics, etc, tout y est, ou presque. On peut, si on le veut et si l'on est "outillé" pour - je ne parle pas de service en ligne - y acquérir même une ouverture accrue sur le monde, d'autres cultures, d'autres façon de voir. Si la question est: 'est-il possible de bien s'informer sur les réseaux sociaux et les services dits 'en temps réel'? ( ie Internet et le web). Ma réponse est (étant entendu que je mets de côté ce 'bien s'informer'):

- on peut choisir de n'y lire que les sources 'traditionnelles'. On peut aussi - et c'est relativement nouveau - avoir accès à certaines sources des sources (cela peut être différent de lire par exemple directement un analyste de Wall Street, une agence de presse ou un communiqué de presse, qui fournissent une sorte de 'matériau' brut).

- on y trouve une proximité d'expériences. On y trouve également des opinions - dont certaines peuvent être intéressantes. Des témoignages. Des expertises.

- et, on y trouve, aussi, des bourdes, des erreurs, des rumeurs, comme ailleurs. La différence est qu'elles se propagent/diffusent potentiellement plus vite. C'est sans doute là que l'esprit critique - peut - être utile...

Enfin, sur certains sujets, la question ne sera jamais complètement la véracité - sauf pour quelques spécialistes et journalistes pointus, talentueux et intègres. Ces réseaux sociaux et les services en temps réel peuvent permettre d'enrichir les points de vue, de confronter les regards d'une façon nouvelle. On ne peut en faire quelque chose que si l'on a appris à s'en servir et à le faire. Que si l'on garde à la fois ouverture et esprit critique. Capacité de remise en question et fondamentaux. Peut-être après tout cela finira-t-il par s'améliorer pour le plus grand nombre. Et que, face aux accès accrus, ceux qui ont en charge l'éducation (pour résumer) en viendront à se dire qu'il est important d'apprendre à penser par soi-même. Car, l'inverse a aussi toujours été vrai: ignorance et manque d'esprit critique sont les voies royales pour conforter les positions ou les dérives de tout système dominant. Sur Internet, comme ailleurs.

Photo waltart - copyright photoXpress.com


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