Dans son émission Comme on nous parle, Pascale Clark avait invité hier Frédéric Beigbeder à discuter du « mystère Salinger », alors que le romancier a farouchement protégé sa vie privée, après s'être retiré de la vie publique vers l'âge de 46 ans.
Alors qu'est-ce qu'un écrivain qui n'écrit pas ? Et surtout, est-ce une réjouissance pour Frédéric autant que pour Bret Easton Ellis, cette mort est l'occasion de se réjouir ? Après tout, Le Beig s'était lancé dans un film de Jean-Marie Perier, L'Attrape-Salinger (une mission qui se soldera par un échec)...
« Un petit peu, parce que cela veut dire que l'on va peut-être pouvoir lire ses manuscrits inédits, puisqu'il écrivait depuis 50 ans sans publier... Et donc, c'est pas forcément qu'une mauvaise nouvelle », selon Fred. Mais face à une mort médiatique, que change une mort clinique ? C'est l'impatience de savoir d'abord si ces textes existent qui motive notre romancier, avec notamment l'idée de ce coffre-fort qui contiendrait des inédits - dans des chemises rouges ou bleues, selon que l'on pouvait les publier ou non...
En parallèle, la veuve du romancier a déclaré à un journal local du New Hampshire, combien elle était reconnaissante de la protection que les habitants lui avaient accordée. « Cornish est un endroit vraiment remarquable. Ce bel endroit a accordé à mon mari eun lieu loin du monde. Les gens de cette ville l'ont protégé, ainsi que son droit à une vie privée durant de nombreuses années. J'espère qu'ils feront la même chose pour moi. » (source)
Rappelons, pour rebondir sur les propos du Beig, que Salinger était un ancien militaire, et qu'à ce titre, il aurait probablement collé une bastos entre les deux yeux au premier qui se serait approché avec quelque chose qui aurait ressemblé à un micro ou une caméra...
La seule question que Fred aurait d'ailleurs trouvé à lui poser, c'est de lui demander s'il est heureux, parce qu'après tout, l'un et l'autre sont de véritables opposés, entre la retraite d'ermite de Salinger et la perpétuelle représentation de Beig qui « ne se cache pas ». On se souviendra que Salinger avait passé un coup de fil à un éditeur décidé à publier d'anciennes nouvelles : une invasion de sa vie privée, avait-il estimé.
Reste que le romancier emportera son secret avec lui et les mystères de sa littérature. « On peut lire tout Salinger en une après-midi. Mais on met après toute une vie à comprendre ce qu'il avait voulu dire. »
L'émission est à réécouter à cette adresse.