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Des salariés plongés dans une « Total » incertitude

Publié le 02 février 2010 par Forrestgump54

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A deux mois des élections régionales, le groupe pétrolier a repoussé dans la précipitation l’annonce de l’éventuelle fermeture de la raffinerie des Flandres. Les salariés ne sont pas dupes sur les décisions à venir et restent mobilisés.
Coup de théâtre chez Total. Alors que des salariés venus de toute la France se massaient sur le parvis de la Défense, la nouvelle est tombée des hauteurs de la tour qui abrite le siège du groupe. La décision concernant l’éventuelle fermeture de la raffinerie des Flandres, à Mardyck (Nord), près de Dunkerque, est repoussée à la fin du premier semestre. « C’est pour calmer le jeu à l’approche des régionales », souligne Charles Foulard, coordinateur CGT (majoritaire) chez Total. Premiers concernés, les salariés du département du Nord ont entonné les chansons du carnaval de Dunkerque, qui se poursuivait ce week-end, dont une de circonstance : « Ah, ils croient que Dunkerque est morte/Morte, morte et enterrée/Et ce n’est pas vrai ! » Á midi, les manifestants étaient entre 500 et un millier, accompagnés d’un certain nombre d’élus. Julien, vingt-huit ans, opérateur extérieur à la raffinerie des Flandres, chante aussi mais ne se réjouit pas : « Le grand arrêt pour maintenance, prévu en mars, a été annulé. Total ne prévoit donc pas de redémarrer la raffinerie. » Pour lui, « toutes ces annonces servent à gagner du temps ». Parmi la rafale de projets annoncés hier par le groupe : l’ouverture sur le site d’une école aux métiers du raffinage ; la création d’une structure d’assistance technique. En ajoutant à cela son projet de terminal méthanier en partenariat avec EDF, toujours en cours de négociation, Total parle de réemployer deux tiers des 380 employés de la raffinerie. Aux autres, il promet un reclassement. « Cela reste très hypothétique. Á l’époque, Thierry Desmarest, ancien PDG, nous avait promis qu’il ne lâcherait pas la chimie et on voit ce qui est arrivé à Arkema », rappelle Christian Votte, secrétaire CGT du comité central d’entreprise.
Derrière les Dunkerquois, qui ont envahi, orchestre en tête, le siège du groupe, il y avait des salariés des cinq autres raffineries Total en France. Dans la ligne de mire, à cause de leurs faibles marges : Feyzin, dans le Rhône, et la raffinerie de Provence, en PACA. « En 2009, ils se sont attaqués à celle de Normandie. Cette année, c’est celle des Flandres. En 2011, cela risque d’être notre tour », craint Karim, employé de la « Med » en Provence. Même inquiétude pour Hakim Bellouz, délégué CFDT à Feyzin : « Nous sommes les plus déficitaires, alors on attend nous aussi de savoir à quelle sauce on va être mangés. »
En attendant d’en savoir plus, l’intersyndicale CGT-CFDT-SUD-CFE-CGC reste sur sa position. « Nous réclamons le redémarrage de la raffinerie des Flandres et une table ronde sur l’avenir énergétique du pays », déclare Charles Foulard de la CGT. Le 11 février, Total annoncera ses bénéfices 2009, attendus à 8 milliards d’euros. Depuis 2000, le groupe a racheté pour plus de 25 milliards de ses propres actions afin de les annuler. « Faut arrêter les conneries, Total a les moyens de s’adapter aux normes environnementales, au lieu de construire des raffineries polluantes à l’étranger », estime Julie, de SUD, qui travaille sur la production du biogazole, au centre de recherche normand. En début d’après-midi, une délégation constituée de syndicalistes et d’élus locaux a été reçue par la direction de Total. Depuis le début de la grève, de nombreux élus de tous bords sont montés au créneau. Dans le Nord, Alain Bocquet, député (PCF), et Michel Delebarre, maire (PS) de Dunkerque, ont interpellé le gouvernement sur la préservation de l’emploi. Christian Estrosi, ministre de l’Industrie, s’est vanté hier que sa « volonté a été entendue ». Pour les salariés, ce n’est que partie remise.


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