« Dynamite ! Dynamite ! ». Ces mots déclamés en voix off avec le funk dans la peau, ils résonnent souvent à l’écran. Presque à chaque fois que notre héros apparaît de façon abrupte dans une séquence. Notre héros, c’est un as du kung-fu qui se balade en cols pelle à tarte, icône noire de la ville qui chasse les dealers des rues et met toutes les femmes dans son lit.
Ca pourrait être un film Blaxploitation datant des années 70. C’est pourtant un film bien contemporain, estampillé 2009, qui rend l’hommage le plus pur et drôle qui soit à tout un pan du cinéma d’exploitation des années 70. Ca s’appelle Black Dynamite, et malheureusement il y aura peu de spectateurs pour voir cette tranche de délire irrésistible, à l’affiche d’une unique salle à Paris et d’une poignée en province.
En même temps, impossible de jouer les surpris tant ce genre de films est du pur cinéma geek dont l’utilité, ou même seulement la qualité, passera peut-être au-dessus de la tête d’une bonne partie des spectateurs. L’intrigue ? Risible : un justicier des rues, afro et bien moustachu, veut venger le meurtre de son frère en démantelant un réseau de trafic de bière empoisonnée réduisant la taille des sexes des mâles noirs (si si !). Et si au passage il peut sauver ces orphelins (même pas assez vieux pour entrer au collège) de leur méchante addiction à l’héroïne, Black Dynamite n’en sera que plus heureux ! Sur son chemin, des méchants très méchants qui ne font pas le poids, et des demoiselles en détresse qui ne tardent pas à s’allonger dans son lit.
Personne ne peut résister à « Dynamite ! Dynamite ! » (imaginez la mélodie qui va avec), moi pas plus que le reste des mortels. Il suffit d’un peu d’amour cinéphile pour ces vieilles séries B, qu’elles soient des films de bastons asiatiques, des aventures de héros black totalement badass ou même simplement des films d’action démodés, pour se laisser emporter et amuser avec délice par le charme totalement désuet de Black Dynamite.
Non seulement le film de Scott Sanders rend hommage à ces genres disparus des salles obscures dans son intrigue écrite sur un coin de table, mais aussi (surtout) dans sa forme expressément brinquebalante, avec des apparitions des perches preneuses de son dans le cadre, des raccords parfaitement douteux d’un plan à l’autre, voire des acteurs récitant le scénario sans aucun recul. C’est con, mais qu’est-ce que c’est drôle !
Cool, sexy, bourré d’autodérision et d’amour cinéphile, Black Dynamite (écrit et interprété par Michael Jai White, aperçu dans The Dark Knight) c’est une petite pépite rare et unique en son genre dont il est vraiment dommage de se priver quand on porte de l’affection aux séries B seventies passées de mode. C’est déjà presque trop tard pour le voir à l’heure où j’écris ces lignes (l’Orient Express est le dernier bastion parisien du film), mais s’il vous reste une chance, ne la laissez pas passer…