J’ai assez peu d’estime pour les supporters en général, ceux de foot particulièrement et les évènements du dernier Nice-Monaco ne sont pas faits pour modifier ce point de vue.
Certes il ne faut pas tous les mettre dans le même sac. Il existe de vrais amateurs du spectacle footballistique, qui apprécient le jeu, la technique, l’ambiance. Il est aussi de vrais spectateurs pour lesquels un match est l’occasion de se déguiser, sortir fanions, maillots et écharpes, crier, chanter, se maquiller sur le mode grotesque, se retrouver avec d’autres dans une communion remplaçant les fêtes populaires traditionnelles. Cela fait sourire, mais cela ne mange pas de pain et est inoffensif.
Mais il existe aussi les crétins, pour lesquels le match est l’occasion, avant tout, d’insulter, et davantage chaque fois que possible, les “supporters” et joueurs adverses. Ceux pour qui, “si tu ne soutiens pas le Gym, tu n’es pas niçois”. C’est chez eux qu’on trouve les cris de singes pour rabaisser les joueurs noirs, les saluts nazis et autres amabilités…, où le match de foot et le statut de supporter ne sont que des prétextes à exhaler la mauvaise haleine d’une haine ordinaire, d’autant plus abjecte qu’elle s’exerce en meute.
Le foot est aussi l’exutoire d’une société qui pourrit et qui n’a à offrir, à certaines catégories de jeunes, quand l’abrutissement par TF1 ne suffit plus, que des endroits et moments où se déversent et se déploient les tensions, les humiliations, le “no future”, la crasse culturelle, qu’exploitent souvent les groupuscules d’extrême-droite.
Le professionnalisme et les salaires enviés des joueurs ont même rajouté à ces excès, les “fainéant”, “bat-toi”, “mouille le maillot”, à l’encontre des joueurs de SON équipe, dégénérant même quelquefois en agressions physiques. Les “dirigeants” devenus propriétaires-investisseur soucieux des gras dividendes que rapportent vente des billets, des maillots et autres colifichets à leurs “supporters” se retrouvent coincés entre l’encouragement à la ferveur et les appels à la raison. Ils acceptent les prix des billets et “produits dérivés” mais s’étonnent maintenant, tel le nouveau patron de l’OGCN, de se faire insulter lorsque la marchandise-spectacle qu’ils proposent n’est pas à la hauteur des espoirs des consommateurs.
Bref, tout ça pour dire que, malgré des réponses policières nécessaires, les débordements des supporters de foot ne sont pas près de s’éteindre, à moins de faire, comme en Angleterre: mettre le prix des billet à un tel niveau que les chômeurs, les pauvres et autres publics prompts à investir leur frustrations dans ces spectacles ne puissent plus se les offrir.
- “Dans la société de fiction, … la communauté humaine est le marché, l’individu le consommateur, l’être le compte en banque. (…) Dans cette société, la démocratie, gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, est le gouvernement du peuple par les riches pour les super-riches. (…) L’homme, l’humain réel, est de trop dans la société de fiction. Parce qu’il est réel. L’homme idéal de cette société est un homme sevré de réel et nourri de fictions”. MédiaPart citant Jacques Baynac “La société de fiction” in Le Débat n° 157, novembre-décembre 2009.
- “Dix millions de Français sont touchés par la crise du logement”. Le Monde.
- “Symphonie inachevée”. Le Monde.
- Signez l’appel au No Sarkozy Day pour le 27 mars.