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Une grossesse gémellaire de rêve 6 ( et fin )

Publié le 01 février 2010 par Xavaic
Pour saisir pleinement la continuité de cette merveilleuse aventure, je vous conseille de commencer la lecture par le post intitulé « Une grossesse gémellaire de rêve 1 » et ainsi de suite…

Une grossesse gémellaire de rêve 6 ( et fin )
Accoucher est le fait le plus important dans la vie d’une femme. C’est comme franchir un seuil qui ouvrirait sur un autre monde ; Dans cet autre monde, la femme est plus riche et plus forte, elle a le paradis sous ses pieds. Elle est capable de braver tous les combats et de consentir à tous les sacrifices pour protéger et guider son enfant. Cet enfant, qu’elle offre au monde, ce nouvel être créé de sa chaire et pétrit de son amour depuis 9 mois devient son tout. 9 mois peut paraître dérisoire au regard d’une vie, mais 9 mois d’amour et d’attente sont comme un diamant indestructible qui édifie cette nouvelle maman. C’est à ce moment qu’elle est sans doute pleinement femme en faisant don d’elle-même pour devenir une mère. Moi, j’avais deux bébés et 7 mois de passion pour eux derrière moi. Face à moi, des épreuves mais l’immense bonheur d’imaginer pouvoir les serrer dans mes bras.
C’est soutenu par ce souffle de joie que je pars en brancard vers le bloc opératoire. On va me faire accoucher en urgence de mes deux filles par césarienne. Je veux vivre avec intensité ce passage ; je souris au monde, je me sens heureuse car j’ai tenu jusqu’au bout de mes forces et que mon corps a décidé que c’était ce soir, le dimanche 25 octobre 2009. Même si mes bébés seront encore des grands prématurés à 32 semaines + 4 jours, je suis heureuse de rattraper quelques grammes de sacré qui m’ont échappé depuis que j’ai été hospitalisée. C’est mon corps qui a choisit et non les médecins qui avaient décidé de me « déclenché » le 4 novembre…
Mon mari est séparé de moi pour la préparation. Je me retrouve avec 4 personnes qui ne sont pas dotées de parole et qui ne répondent pas à mes salutations. Sans aucune prévenance, elles m’enlèvent mes vêtements, me posent une sonde urinaire, me rasent le pubis, me mettent une perfusion et me bandent les jambes. Elles sont très rapides et me font mal. A un moment, je leur gueule d’arrêter et leur demande d’accompagner le geste à la parole car je ne supporte pas cette manière de faire avec mon corps. Elles appellent le médecin en l’alertant « Mais vous avez dit à cette dame ce qu’elle faisait là !? »
Je vis mal cette préparation. Décidément, je resterai cantonné jusqu’au bout au rôle de témoin de toute cette histoire qui devait être la plus belle de ma vie et dans laquelle j’aurais dut tenir le rôle principal avec mes filles. Je me mets à trembler violemment sans pouvoir m’arrêter.
Je suis au bloc. Mon mari n’a pas encore le droit de rentrer. On va me poser la rachianesthésie. Je demande si ça va me faire mal, l’équipe présente ne me répond pas, occupé à gérer l’urgence. Commence la manipulation. Je ressens une douleur violente, comme une décharge d’électricité dans les jambes. Je hurle et sursaute. La rachianesthésie n’a pas pu être faite, ils doivent recommencer. Je me fais presque engueuler car c’est ma réaction brusque qui a fait échouer leur manipulation. F*** you all, c’est ce que je pense. Je devais être la reine de ce beau moment, m***.
Je me mets à prier, frénétiquement, je demande grâce à la Vierge Marie de toutes mes forces. La rachianesthésie est faite, ça fait mal, on me remet sur le dos et on fait rentrer mon mari. Je tremble toujours, j’ai mal aux gencives à force de faire choquer mes dents.
Le voici celui qui me fait sentir la magie du moment, mon mari… Il a des étoiles dans les yeux qui me font oublier le drap blanc, celui que j’ai fasse à moi et qui empêche de voir la sortie divine de mes filles. Il chante « la canción del oso », joli air argentin qui a accompagné toute ma grossesse et qu’il entonne merveilleusement pour ce moment spécial.
Très vite, on entend de la part d’un médecin que le premier bébé est sorti, puis dans la foulée, que le second aussi. Il est 20h30. Je n’entends pas de cris ni de pleurs, seulement de l’agitation. Ou sont mes bébés ? Déjà partis pour subir les examens vitaux. Mon mari voit le reflet du premier bébé dans la vitre derrière nous. Il me dit qu’elle est chevelue.
Je suis perturbée, je savais que je ne les verrai pas, mais j’espérais les entendre…
Mon accouchement est terminé, l’enchantement n’était pas au rendez-vous. On me recoud, je sens mon ventre comme pétrit par un boulanger aux mains colossales. J’ai l’impression que les effets de la rachianesthésie me montent jusqu’à la gorge. Je n’arrive plus à respirer et l’on me met sous assistance respiratoire. Je n’arrive plus à émettre de sons et j’ai des mouches qui viennent brouiller le visage de mon mari penché sur moi.
On m’emmène en salle de réveil. Le couloir est long. Mes filles sont dans deux pièces qui ont un accès à ce couloir. Quelqu’un dit : « Allez, montrez-lui ses filles juste quelques instants ». Je vois apparaître Agnès Vilma emmitouflée. Une beauté qui me laisse sans voix et sans gestes. Puis elle repart. On me montre Diane Brunella, toute petite et violette. Je dis enfin quelque chose : « Ce n’est pas possible ». Je la trouve magnifique. La puéricultrice me dit : « Allez, un p’tit bisou avant de se quitter ». C’est vrai que je n’y avais pas pensé. Je voulais les avoir contre ma poitrine. Je m’exécute un peu maladroite.
Le brancard poursuit son chemin et mes filles sont derrière moi. Je ne connais pas leur état et je suis en train d’étouffer.
A suivre…


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