Imaginez que l’Allemagne se qualifie pour la prochaine Coupe du Monde de 2011, gagne la Coupe et remette ça en 2015 et 2019, et commence à tout rafler dans le monde du rugby. Impensable, me direz-vous, c’est pourtant ce qui vient de se passer dans le monde du hand.
Pourtant à la fin des années 80, la France pointait au-delà de la trentième place mondiale dans le classement des nations du hand, le pays souffrait d’un manque de culture autour de ce pays et se situait à des années lumière de l’Espagne, la Suède ou de l’Allemagne. Aujourd’hui, forte de trois titres de champions du monde, deux de champions d’Europe, d’un titre olympique, la France est devenue LA nation du handball. Alors en voyant la bande à Nikola Karabatic on se prend à rêver, et on imagine que notre XV de France puisse imiter ces « experts ».
Les "experts" du hand. Tout sauf une génération dorée.
Bien sûr, ce blogue est avant consacré au rugby, mais que cela ne nous empêche pas de saluer la victoire à l’Euro des handballeurs tricolore qui est l’un des plus grands exploits de l’histoire du sport français, si on le considère dans la continuité du titre mondial obtenu l’année dernière et du titre olympique de 2008. Il est donc intéressant de s’intéresser au système qui a permis aux « experts » de marcher sur le toit du monde.
Pour mieux saisir le succès du hand français il faut regarder à la base, la fédération française, la FFHB est passée de 25 000 licenciés en 1964, à 183 000 en 1991 pour en atteindre plus de 400 000 aujourd’hui. Alors que le rugby est injustement encore largement considéré comme un sport exclusivement masculin en France, la FFHB n’a pas hésité à faire venir un maximum de filles en son sein et aujourd’hui plus d’un tiers de ses licenciés sont des filles, ce qui a eu pour effet de booster la fédération et d’apporter un vent nouveau et un réel dynamisme autours de ces clubs. Du coup, l’image du hand, sport de contact comme peut l’être le rugby, s’est créé une nouvelle image, pleine de fraicheur qui a su séduire les éducateurs sportifs, les profs d’EPS. Ainsi il est devenu le sport d’équipe le plus pratiqué dans les collèges et lycées. Quelle personne n’a jamais touché un ballon de hand, quelle personne n’a jamais participé à un match, à un tournoi organisé par son établissement scolaire ? Le hand a réussi un grand coup en touchant la masse. Toute personne ayant des dispositions en France pour ce sport a pu avoir l’occasion de s’exprimer au niveau scolaire, ensuite il ne reste plus qu’à trouver un club. La création des 24 Pôle Espoirs, et surtout d’une compétition entre les 500 meilleurs espoirs français, l’Interpôle ( !), permet à la fédération de former l’élite de demain. Enfin l’équipe de France chapeaute le tout et devient le dernier étage d’une fusée supersonique inarretable. Paradoxalement, le hand n’a jamais réussi à devenir capable de mobiliser tous le grand public derrière lui, comme a su le faire le rugby en communiquant sur son image positive. Le rugby, qui est devenu un vrai sport national en termes de popularité, à vraiment les moyens de devenir un sport de masse par le biais du rugby à 7, du rugby féminin, du rugby corporatif, etc. Il existe d’autre variante telles que le rugby 80 (pour les joueurs de moins de 80 kilos ; très populaire en Australie) qui s’adapterait parfaitement au sport de masse. Alors à quand des « experts » de l’ovale ?