Est-elle juriste ? Bien évidemment non… Ses propos se suffisent à eux-mêmes : ce sont ceux d’une parfaite Juponne-la-Joie de droite – c’est synonyme, non ? Aurait-elle acquis de par son mariage quelque rang dans l’appareil d’Etat ? Encore une fois, la réponse est bien sûr non. Envoyée à l’évidence par Nicolas Sarkozy pour défendre sa cause contre Dominique de Villepin et justifier l’appel du Procureur de Paris Jean-Claude Marin contre le jugement le relaxant.
Elle a l’immense culot de sortir que «les fait son têtus» ! Comment les connaîtrait-elle autrement que par son menteur de mari ? La vérité si je mens… Quand bien même s’en serait-elle fait une opinion, elle serait bien présomptueuse. Qui les connaît dans leur exacte dimension à part sans doute ceux qui sont à l’origine des faux listings, lors même qu’un certain doute plane sur une possible manipulation à l’instigation de Nicolas Sarkozy himself, qui pourrait être l’arroseur arrosé selon un article du Figaro paru quelques jours avant l’ouverture du procès.
J’ai assez épluché la presse depuis le premier article paru en juin 2004 dans le Point qui traitait du sujet – sans donner aucun nom. Je n’ai jamais trouvé un seul journaliste qui exprimât un avis ferme et définitif sur l’implication de Villepin dans cette affaire. Mais «mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose» dit à raison la sagesse populaire.
Si Sarko n’a pas d’autre “petit soldat” à mettre en première ligne, il est bien mal barré. Selon ce que je lis sur Le Monde et rien que le titre m’a mise sur le cul : Carla Bruni “étonnée” par le manque de confiance en la justice mais plus encore en lisant ses propos. D’une banalité affligeante. Même pas le niveau moyen des Français. Je ne saurais dire pour l’ensemble mais un sondage express du Monde donne un peu moins de 70 % de personnes convaincues que le procès a permis d’aller au fond des choses contre 22 % qui pensent que l’appel est nécessaire pour aller au fond des choses.
De 22 % à 25 % c’est l’étiage électoral naturel du RPR d’antan. Ceux qui gobent tout. Parfois nettement moins quand des outsiders viennent sur le devant de la scène comme ce fut le cas pour les élections européennes de 1999 : 12,82 %, résultat inférieur à la liste menée par Charles Pasqua et Philippe de Villiers (13,05 %).qui lui valut une réputation de «looser»… Ce qu’il est peut-être redevenu après la parenthèse de 2007. Depuis qu’i est parvenu à mi-mandat, il foire lamentablement tout ce qu’il touche !
Sera-t-il comme Valéry Giscard d’Estaing capable de gagner une fois l’élection présidentielle mais non de transformer l’essai ? L’affaire des fameux diamants de Bokassa n’y fut pas pour rien. Celle de Clearstreamm, bien instrumentalisée par Sarko sera-t-elle la cerise sur le gâteau ? D’autant que l’on peut faire confiance au Troll de l’Elysée pour nous régaler d’autres scandales d’ici 2012.
“L’Affaire” n’a pas fini de faire jaser dans le Landerneau de la politique et plus Nicolas Sarkozy en rajoutera une couche, plus cela se retournera en boomerang contre lui. Le bourreau d’aujourd’hui se transformera-t-il en victime expiatoire en 2012 ?
Certes, comme le souligne Françoise Fressoz dans Le Monde du 30 janvier 2010 Le chemin politique étroit de Dominique de Villepin Dominique de Villepin a peu de chances d’être élu président de la République en 2012, faute de réseaux politiques et sans doute de financement. Il se retrouve dans la même situation qu’Edouard Balladur en 1995 – d’où d’ailleurs toutes les affaires de rétro-commissions, dont celle des vedettes de Taiwan à l’origine du faux listing de Clearstream….
Il n’en reste pas moins vrai que Villepin conserve un très grand pouvoir de nuisance qui sera proportionnel aux retombées du procès Clearstream. Piège que lui a tendu Nicolas Sarkozy. L’opinion publique lassée et mécon-tente sera sans doute l’arbitre des inélégances. Une certaine partie de la bourgeoisie traditionnelle, irritée du côté m’as-tu-vu bling-bling, pourrait bien lui faire le coup de Neuilly lors des dernières municipales.
Aujourd’hui, il semble bien que l’Elysée qui adopte la stratégie du mépris à l’égard des attaques de Villepin souhaiterait que l’UMP présente le profil le plus bas possible sur l’affaire Clearstream. Plus facile à dire qu’à faire ! Comme le souligne Robert Badinter Clearstream: “une victoire de la justice” pour quelle qu’en soit l’issue, le procès Clearstream va continuer d’empoisonner longtemps Nicolas Sarkozy et l’UMP. Sans doute même au-delà de 2012.
Selon certaines analyses, Villepin ne serait vraisemblablement pas élu mais il peut empêcher que Sarko le soit, voire le reléguer en 3ème position au premier tour… La honte, quoi ! J Il redeviendrait en quelque sorte la “loose“, le porte-guigne après une parenthèse où il aura fait illusion quelques années mais depuis son demi-mandat, la “magie” ne fonctionne plus du tout. Il foire lamentablement tout ce qu’il touche. Et comme l’hyper-président se mêle de tout, c’est sur tous les fronts que rien ne va plus… Les jeux sont faits ?
Je continuerais de penser et affirmer qu’il n’y a chez Nicolas Sarkozy aucun brin d’intelligence politique. De Machiavel, il n’aura retenu que «La fin justifie les moyens», ce qui est parfois vrai – part de réalisme et d’opportunisme nécessaires – mais sans comprendre que Le Prince doit aussi savoir faire preuve de grandeur. Or, il est tout petit et ne connaît que la mesquinerie des basses œuvres. N’est pas «subtile araigne» qui veut, d’autant qu’il lui manque un Commynes pour le conseiller.
D’autant que cela lui éviterait sans doute de se prendre les pieds dans des «plans médias» plus foireux les uns que les autres ! Qui a eu cette idée folle, non pas d’inventer l’école – quoiqu’elle devrait bien y retourner ne serait-ce que pour essayer de comprendre l’avis des juristes sur le procès et l’appel – mais d’envoyer Carla Bruni-Sarkozy au charbon, porter la bonne parole sarkozyste au “Journal inattendu” de RTL samedi 30 janvier 2009 ?
J’étais déjà sur le cul en l’apprenant sur Le Monde C’est elle qui est proprement “stupéfiante” d’ignardise associée à une inintelligence absolue. Car ce n’est pas d’étonnement dont elle fait part mais de la stupéfaction. Autant parler de corde dans la maison d’un pendu.
Incapable de comprendre que ce n’est pas de la justice en soi dont nous nous méfions mais bien de l’usage qu’en fait Nicolas Sarkozy qui l’instrumentalise à son gré… le procès Clearstram n’étant qu’une machine de guerre contre Villepin alors que de surcroît, la réforme de la justice qu’il entend mener à bien, notamment avec la suppression du juge d’instruction, vise rien moins que mettre tous les rouages de l’enquête dans les mains du procureur – aux ordres de la Chancellerie - et dont, il est évident qu’il n’instruira jamais qu’à charge, au contraire du juge d’instruction.
Carla Bruni-Sarkozy peut bien aller pérorer où elle veut. Si elle n’était la femme de Nicolas Sarkozy, personne ne lui demanderait son avis. Qui ne vaut pas tripette. En ce qui me concerne, elle peut bien raconter n’importe quoi, rien à secouer ! Le peu d’idées qui guident ma pensée je les dois à des penseurs d’une toute autre pointure intellectuelle, qu’ils soient anciens ou actuels.
Je lui conseillerais plutôt de lire attentivement l’inter-view de Robert Badinter dans Le Monde. Si elle veut tenter de comprendre quelque chose en matière de droit et de justice, elle ne pourrait être à meilleure école. Robert Badinter est un très grand juriste. Il fut un grand avocat, un des meilleurs Garde des Sceaux que nous ayons eus, avant de devenir un excellent Président du Conseil Constitutionnel, insensible aux diverses pressions politiciennes. Uniquement guide par l’esprit et la lettre de la Constitution.
Les propos de Robert Badinter sont pesés et mesurés. Rigueur, sobriété et pertinence. Sa démonstration est un petit chef d’œuvre. Il salue l’indépendance de la justice dans la relaxe de Villepin et souligne qu’elle rétablit un principe essentiel : «c’est à l’accusation de rapporter la preuve de la culpabilité du prévenu». Il considère que cette décision est “fortement motivée”, contrairement à ce que tentaient de faire accroire autant Nicolas Sarkozy que Frédéric Lefebvre, parlant “d’attendus sévères” contre Dominique de Villepin…. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose !
Les juges du tribunal correctionnel de Paris n’eussent point été conséquents s’ils avaient retenus des charges lourdes contre Villepin tout en le relaxant. Je crois qu’au contraire, eu égard aux personnes en cause dans ce dossier, ils ont dû au peser soigneusement tous les éléments de leur décision. Le droit, rien que le droit mais tout le droit.
Comme tous les observateurs, il lui semble évident que Jean-Claude Marin n’a pas pris sous son bonnet la décision de faire appel du jugement, y compris et surtout contre Villepin. Sachant que les procureurs sont hiérarchiquement soumis au Garde des sceaux et que l’ordre est sans nul doute venu de Nicolas Sarkozy. C’est désormais secret de Polichinelle qu’une réunion a eu lieu vendredi après-midi à l’Elysée. Pourquoi prétendre le contraire ?
Sarko pouvait très bien annoncer qu’il ne ferait pas appel – de toutes façons, ce recours n’est pas ouvert aux parties civiles en matière pénale – mais tenter de trouver la parade pour nuire autant que faire ce peut à Dominique de Villepin. Par vengeance autant que par peur du candidat potentiel en 2012.
Le fait qu’il ne soit plus partie civile n’y change rien puisqu’il continuera de tirer les ficelles par parquet interposé. C’est d’ailleurs ce fait qui conduirait Villepin à saisir la Cour européenne des droits de l’homme s’il perdait en appel et ensuite était débouté en cassation. La décision de la CEDH serait vraisemblablement un nouveau camouflet pour Nicolas Sarkozy car elle ne pourrait manquer de mettre en exergue d’une part la disparité des droits de la défense face à l’accusation et d’autre part le manque d’indépendance du parquet par rapport à l’exécutif, totalement contraire au principe de séparation des pouvoirs.
Pour Robert Badinter, Nicolas Sarkozy n’aurait jamais dû se constituer partie civile dans ce procès, «ce qui n’était bon ni pour la justice ni pour lui». Il regrette de surcroît qu’il soit intervenu juste avant l’ouverture du procès sur les «coupables» renvoyés devant le juge, en méconnaissance du principe selon lequel tout prévenu est considéré comme innocent jusqu’à ce que la justice le condamne éventuellement.
Selon lui, puisque le statut pénal du chef de l’Etat interdit qu’il soit attrait devant les tribunaux pour quelque affaire que ce soit pendant toute la durée de son mandat «cette disparité de condition implique un devoir de réserve du président de la République. S’il a été victime d’une infraction, le parquet assurera la poursuite de ses auteurs avec diligence, on peut en être convaincu. Nul besoin de la présence de son avocat personnel pour que soit soutenue l’accusation. Les débats gagneraient en sérénité, le ministère public en autorité, la décision en crédibilité, et le président en distance».
Nicolas Sarkozy est-il capable d’envisager les choses avec le recul nécessaire, la «distance» entre lui, ses intérêts perso et ceux des justiciables dont il pense qu’ils lui font du tort ? Gros doute chez les affreux. Il est UM/Pcapable de ne pas tout ramener à sa très petite personne. C’est grave, docteur ? Oui, mais je ne pense pas qu’il soit guérissable.
C’est bien trop ancré chez lui. L’absence de “Surmoi” – instance psychique transcendante chez Freud – qui permet précisément de faire la distinction entre bien et mal – explique beaucoup de choses du comportement déviant chez Nicolas Sarkozy.. L’imaginez-vous sur le divan d’un psychanalyste n’essayant pas de mentir, à lui et à l’autre ? Déjà, la position allongée qui le soumettrait quelque peu au jugement d’un autre…
Sur le plan strictement juridique, en cas d’infraction pénalement punissable point n’est besoin qu’il y ait des victimes – donc des parties civiles - pour que s’exerce l’action de l’Etat. Il suffit qu’il y ait eu une infraction. Ainsi, le franchissement d’une ligne jaune au sommet d’une côte, la conduite en état d’ivresse ou le non respect d’un stop. Autant d’infractions suffisamment graves au Code de la route qui mettent en danger la vie d’autrui pour que la puissance publique les réprime. Précisément pour éviter que ce genre de comportements n’aient un jour des conséquences plus graves. Sur le mode : prévenir plutôt que guérir.
Une sorte de pédagogie appliquée. Encore que je préfère le terme “d’exemple” car pour moi, me fondant sur l’étymologie, la pédagogie ne s’adresse qu’aux enfants et aux élèves. Et j’en ai plus que ras la casquette, à la soixantaine, de tous ceux et celles qui depuis des années prétendent nous pédagogiser ou nous catéchiser sur des options – le plus souvent ultralibérales en diable ! - que je refuse avec la dernière énergie. Gardez vos leçons pour vous. Ne me faites pas chier. C’est non, no, niet. Et toutes vos pseudo leçons ne me feront pas bouger d’un iota. Ni encore moins d’un euro. Je n’en suis pas moins respectueuse de toutes les règles essentielles à la vie en société.
Robert Badinter cite l’esprit de la jurisprudence de la CEDH «qui a repris le principe anglais : il ne suffit pas que justice soit rendue. Il faut encore qu’on croie qu’elle a été rendue. Le président de la République est garant de l’indépendance de la justice. Il doit, plus que tout autre, veiller à ce que sa crédibilité ne soit altérée d’aucune façon aux yeux des Français, toujours soupçonneux à cet égard». A renvoyer dans les dents de Carla B. pour lui faire comprendre ce que reprochent les Français – rebelles par nature et tradition bien ancrée - à la justice selon Sarko.
Elle devrait faire son livre de chevet les BD d’Astérix et Obélix qui lui en apprendraient long sur l’esprit gaulois, largement entendu comme français. Et pas forcément chez les Français dits “de souche”… Mais c’est la même Carla B. qui, juste avant son mariage avec Nicolas Sarkozy se répandait dans une violente diatribe contre l’esprit français et qui plus est, dans un journal britannique Alors : camembert ! Nous n’avons point besoin qu’une Italienne nous fasse la leçon.
Si elle n’aime pas la France, qu’elle la quitte !
Bien évidemment, Robert Badinter ne peut que critiquer la réforme de la justice telle que voulue par Nicolas Sarkozy – dont la haine quasi névrotique contre le juges est bien connue – en soulignant les conséquences de la disparition programmée du juge d’instruction : contrairement à celui-ci qui s’efface totalement au moment du procès, le procureur est «une des parties lors du procès pénal et sa mission consiste à réunir les preuves nécessaires pour convaincre le juge de la culpabilité d’un suspect… Il n’a donc aucunement vocation à réunir les éléments forcément contradictoires de la défense».
Badinter est férocement lucide : «Comment imaginer que le procureur enquêtera “à charge et à décharge” dans une affaire d’Etat comme Clearstream, alors qu’il est sous la dépendance de l’exécutif dont il dépend pour sa carrière ? La première exigence est donc que les magistrats du parquet bénéficient, au moins, de garanties statutaires d’indépendance pour leur nomination et leur promotion. En clair, ces décisions ne doivent intervenir que sur avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature»..
Autant dire que ce n’est nullement prévu dans le “système Sarko”…