De quoi s'agit-il ? L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe avait lieu du 25 au 29 janvier à Starsbourg. Toutes les délégations parlementaires des états-membres invitées à y participer, devaient notamment élire leurs représentants à la Cour européenne des droits de l'homme et à la présidence du groupe PPE à l'ACPE. Dans les deux cas, le nonce apostolique exprime ses préférences et écrit : «En considération des thèmes qui sont débattus au sein des Institutions européennes, le Saint-Siège (NDLR : le Vatican) souhaite que, à l'occasion de nouvelles élections, une préférence soit accordée aux personnes qui respectent la conception chrétienne de la vie et du mariage.»
Et le nonce de donner les noms des candidats qu'il préfère. Il précise même que «la Secrétairerie d'Etat le charge de faire part aux élus de la préoccupation du Saint-Siège à propos de deux projets de résolution dont le texte est en opposition ouverte avec la loi naturelle et aux valeurs promues par l'Eglise catholique et de la nécessité de participer activement au vote.»
Alors que le débat sur l'identité nationale a lourdement et lamentablement dérapé en France pour stigmatiser la religion musulmane, que dirait-on si les imams intervenaient à Strasbourg pour inciter les députés européens à voter de telle ou telle manière ? Nombre d'observateurs, d'hommes et de femmes politiques mettent en avant la nécessité de préserver un Etat Laïque, neutre à l'égard de toutes les religions. Cette laïcité autorise toutes les préférences individuelles dans la sphère privée. Dans l'espace public, certaines lois doivent être respectées pour assurer une cohésion collective.
Je trouve inadmissible que l'ambassadeur du Vatican à Paris fasse pression sur les parlementaires européens afin d'orienter leur vote dans tel ou tel sens. Je souhaite qu'une protestation officielle soit émise contre l'intervention de Mgr Luigi Ventura qui n'a pas à exprimer de préférence en faveur de telle ou telle personnalité surtout quand il s'agit de désigner un juge à la Cour européenne des droits de l'homme. Le candidat du Pape a été battu. L'influence du successeur de Saint-Pierre a ses limites.