C'est injuste. L'année dernière, tout le monde n'a eu d'yeux (ou plutôt d'oreilles) que pour la sortie en version haute définition de toute la discothèque des Beatles. Et tout le monde ou presque a oublié dans le même temps celle des allemands de Kraftwerk, qui pourraient sans doute être considérés justement comme les Beatles de l'électro. Oui, les deux groupes peuvent être rapprochés malgré leur différence de style : même influence considérable, même musique à priori basique, sobre, mais mélodiquement ultra-efficace. Mais succès populaire bien moindre, donc. Malheureusement. Pourtant, ce " The Man Machine" de 1978 fonctionne encore très bien aujourd'hui et n'en demeure pas moins comme une véritable usine à tubes. Et c'est d'ailleurs là tout le talent de ce groupe hors norme. Car, s'il est un genre musical qui a beaucoup évolué dans ces dernières décennies, c'est bien la musique électronique. Et c'est normal, puisque les instruments qui ont servis à sa fabrication, les ordinateurs ont aussi énormément évolué.
Mais ce qui fait donc que cette musique a malgré tout réussi à passer les années, c'est bizarrement son minimalisme, sa quasi absence d'effet. La mélodie y est presque à nue. Sans artifice. (ce qui est sans doute très "allemand" comme manière de procéder) Toutes les chansons sont ici mémorables, en particulier leur presque tube "The Model". Toutes les chansons font aussi référence aux machines, aux robots et nous parlent déjà de déshumanisation de la société, près de 20 ans avant le "Ok Computer" de qui vous savez. Vous avez dit "visionnaires" ?
Vidéo de "The Model" :