Au cimetière de Tours-La Salle (carré 34, concession 103) se trouve la tombe de la famille Randon, Bouhour et Marquet. C'est là que reposent Fernand Randon (1859-1950), compagnon bourrelier-harnacheur du Devoir et son fils Fernand, mort pour la France à Amiens, le 17 mars 1916, à l'âge de 29 ans.
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Deux remarques : la famille a fait mention de la qualité compagnonnique du père par ces lettres triponctuées : "T. LT. DA. C. D. D." mais elles ne correspondent pas exactement au surnom du compagnon, qui était "Tourangeau l'Ile d'Amour". Le graveur, qui a dû travailler à partir d'instructions manuscrites, a visiblement confondu le I de "Ile" avec un T et a omis un point ou une apostrophe entre LT et DA.
Le fils, mort durant la Grande Guerre, était aussi un compagnon bourrelier, dit "Tourangeau la Clef des Coeurs", mais rien ne le rappelle.
Qui était Fernand Randon ? Né le 15 août 1859 à Neuvy-le-Roi (Indre-et-Loire), il entre à 13 ans comme apprenti chez un bourrelier du canton. Trois ans plus tard, il entreprend son tour de France. Il est admis aspirant à Nantes, passe à La Rochelle et c'est enfin à Bordeaux qu'il est reçu compagnon bourrelier-harnacheur du Devoir, à la Saint-Eloi 1878 (à 19 ans). Il continue son tour en passant par Toulouse, Montpellier, Marseille, Lyon, Paris et rentre à Tours pour accomplir son service militaire en Tunisie. Une fois revenu à la vie civile, il s'installe à Tours, rue des Docks puis, en 1888, rue Bretonneau, comme fournisseur en bourrelerie. Son activité au sein du compagnonnage s'intensifie. Avec un petit groupe de compagnons, il fonde en 1910 la Société Protectrice des Apprentis de Touraine, dont il assure la direction jusqu'à sa mort.
La S.P.A. sera un véritable C.F.A. avant la lettre et de très nombreux jeunes de divers métiers y recevront un enseignement professionnel de qualité, assuré par des compagnons. En 1932, Fernand Randon est fait chevalier de la Légion d'Honneur. De 1922 à 1940, il assure aussi la présidence de l'Alliance compagnonnique tourangelle, association qui a permis à des compagnons de divers métiers, voire de rites différents (les Indiens y participèrent quelque temps), de se rencontrer et de mettre en place non seulement la S.P.A. mais le musée compagnonnique.
Les obsèques de Fernand Randon se déroulèrent le 5 avril 1950 et rassemblèrent 150 compagnons, comme l'indique la notice nécrologique du journal Compagnonnage, n° 111, de juillet 1950.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)