En pleine campagne anglaise, une jeune mère et sa progéniture descendent d’un car et c’est toute une affaire. Elle tient un bébé sous un bras comme un paquet et se débat pour ouvrir sa poussette avec sa main libre. Derrière elle ses deux petites filles dont la plus jeune, Joanna, n’a que six ans, se partagent les sacs de provision. Le chien se débrouille tout seul. Elles avancent à la queue leu leu, en file indienne, sur une petite route. C’est l’été. Il fait très chaud. La mère porte la robe que Joanna préfère, bleue avec un motif de fraises rouges. Des odeurs de lisier et de cerfeuil sauvage flottent dans l’air. Des vaches rousses du Devon paissent et meuglent dans les champs où pousse le blé prêt à être moissonné. Très important dans le récit la présence de ce blé tout autour du petit sentier qu’elles viennent de prendre après avoir franchi une barrière pour rentrer chez elles ! Ces petits détails n’ont l’air de rien et pourtant ce sont eux, dans ce roman, qui font que l’histoire existe, qu’un destin chavire brusquement, que tout change violemment et sans retour possible ! J’insiste sur ce début car c’est la scène clé, le point de départ de tout le récit, la source des images obsédantes de l’héroïne que deviendra la petite Joanna, future grand médecin mais qui, pour l’instant, s’amuse avec le chien à se cacher dans les blés pendant que leur mère, à mi-parcours, sort des sacs de provisions le jus d’orange et les Finger Cadbury pour la halte pique-nique, dans l’herbe du talus, sous l’ombre des arbres. La mère donne le sein au bébé qui se rendort en têtant. Elle le remet dans la poussette et c’est alors que l’individu paraît surgir de nulle part ! On devine immédiatement la suite…
Me souvenir de ce premier chapitre me suffira toujours, je pense, à revivre ensuite toute l’histoire, classique, somme toute, après un événement aussi terrible !On retrouve Joanna, à Edimbourg, une trentaine d’années après le drame, au moment où le meurtrier sort de prison. Devenue le docteur Hunter, elle semble avoir bien réussi sa vie : un métier valorisant qu’elle aime, un mariage d’amour, un adorable bébé, une vie bien organisée et surtout, surtout, il y a Reggie, une adorable orpheline de seize ans qui s’est attachée à elle et au bébé. C’est l’autre héroïne de ce roman que j’ai tellement aimé. Seule au monde, sans argent, sans amis, sans maison, elle traîne comme un boulet menaçant son délinquant de frère aîné mais elle est de la trempe, en plus sociable, d’une Lisbeth Salander, des fameux Millenium ! Elle a de la ressource et quand sa patronne chérie disparaîtra avec le bébé, elle n’aura de cesse de convaincre les policiers récurrents de l’auteur, Jackson Brodie et Louise Monroe, de partir à leur recherche. Me voici donc, à mon tour, devenue une inconditionnelle de Kate Atkinson. En tant que romancière, elle a un charme fou, une technique à toute épreuve, un style efficace et précis qui me séduit beaucoup J’aime sa façon toute particulière de transformer un roman qui pourrait n’être que policier en récit de vie familiale , amicale, personnelle, très dense, un quasi roman d’apprentissage en ce qui concerne la jeune Reggie. Ses références amusées à ses grands devanciers, Dickens, Austen et d’autres me plaisent ainsi que la précision de ses descriptions ! Ses personnages ne portent pas n’importe quelles chaussures mais des Manolo Blahnik, des Jimmy Choo ! On devine qu’ils n’ont pas de problème d’argent, comme le docteur Hunter, son héroïne, qui peut ainsi tranquillement entretenir son vaurien de mari ausi dépensier et aussi lâche que l’était son propre père ! L’histoire se répète ! Ce livre aura été pour moi un grand moment de lecture heureuse !
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Cuné, Carolyn Grey, Joelle, Flo, jb, Joelle, ingannmic, Naina, cocola's, Soie, Alice, N'ont pas aimé, en revanche: Hélène qui s'est ennuyée, Plume qui regrette "un sentiment d'inachevé et de récit vain".3éme livre lu pour le Prix des BlogueursA quand les bonnes nouvelles ? Kate Atkinson (Editions de Fallois, 2008, 367 pages)Titre original : When will there be good news ? Traduit de l’anglais par Isabelle Caron.