Comme beaucoup j’imagine, le choix d’Alain Dolium, vierge de tout engagement politique m’a d’abord surpris de la part de François Bayrou. J’ai eu depuis la chance d’observer d’assez près son début de campagne, et le privilège de partager quelques moments avec lui. Je vous le dis tout net : je suis pleinement rassuré, impressionné même, et je crois que c’est bien parti pour la campagne !
Passé l’effet de surprise bien amené par François Bayrou, on pouvait craindre l’essoufflement dans les médias. Il n’en est rien : manifestement le charme opère, n’en déplaise à sa jalouse d’épouse. Le lancement de campagne en Seine Saint Denis a été bien relayé – et les articles reflètent autant la sympathie qu’inspire le personnage que le cœur du message, déjà savamment martelé par le candidat et son équipe. Une autre difficulté était pour lui de conquérir les militants qui ne le connaissaient pas, et pour cause. Le bon score pour son investiture était manifestement dû avant tout à la confiance des militants dans le choix du patron et à une bonne mobilisation des cadres en sa faveur. Il lui fallait donc encore convaincre ! Mais d’après ce que j’ai vu, c’est fait – et bien fait. J’ai même croisé des militants après le Conseil départemental du Mouvement– dont une blogueuse émérite – qui avaient appelé à voter contre son investiture et qui m’ont dit : « finalement, il est pas mal ce type. Il gagne à être connu ». Alors, après les militants, les électeurs ?
En tous cas je trouve que le Modem devrait retenir cet exemple pour envisager le nécessaire renouvellement des cadres, après tant et tant de départs qui laissent le Mouvement quand même bien dépourvu sur le plan de la qualité des ressources humaines. Attention, je ne dis pas qu’il n’y a pas de cadres de qualité en interne, je dis juste qu’ils sont bien peu nombreux à avoir l’étoffe pour assumer une campagne et des responsabilités. Après de nombreuses désillusions, François Bayrou a peut être compris que la carte « people » se retourne toujours contre le parti. La solution n’est pas non plus à chercher dans les quelques apparatchiks à bout de souffle du siège – et encore moins dans les quelques élus opportunistes venus à la soupe du centre (tiens, au fait ils sont moins nombreux en ce moment). Ainsi, en Ile de France, Alain Dolium est une excellente trouvaille, devenue absolument nécessaire dès lors que le Président de la fédération de Paris, qui lui possède l’envergure, n’était pas lui-même candidat.
Car on voit tout de suite la différence avec les « professionnels de la politique ». Alain est bien entouré, avec une équipe resserrée et efficace – et même aimable. Avec les gens du sérail, on aurait eu à l’inverse, comme d’habitude : une armée mexicaine, passant son temps à des coups bas en son sein, et méprisant naturellement le militant. Là où le professionnel de la politique fait mine de vous écouter, Alain absorbe comme une éponge les quelques idées ou conseils que vous pouvez lui donner, et il s’en sert. Il ne perd pas son temps dans les jeux stériles pour la composition de telle ou telle liste, ou pour spéculer sur l’avenir d’un éventuel groupe au conseil régional. Bref, il apporte avec lui les méthodes de gestion de l’entreprise que nos amis élus n’ont pour beaucoup jamais connu. Comme il y ajoute un talent naturel pour la communication, pas de doutes Bayrou a eu l’œil du maquignon béarnais repérant la belle bête au comice… Alors évidemment, on lui fera un procès en « incompétence » (un comble quand en face une secrétaire d’Etat fait une erreur si grossière sur la ligne 14 qui devrait la disqualifier définitivement ! Si Alain avait fait la même erreur, qu’aurait-t-on entendu ?) Espérons que le milieu ne le formatera pas trop vite, qu’il saura capter le savoir-faire des vieux roublards d’élus, sans se pervertir. Tout ceci me semble garanti tant que la politique reste pour lui une seconde activité. Ce qui ne l’empêche pas, bien sûr, de voir au-delà des régionales, histoire de décevoir ceux qui croiraient avoir affaire à une simple étoile filante dans le ciel démocrate.