Voilà un sujet qui me travaille depuis quelques temps. A vrai dire, il me travaille depuis le dernier Téléthon et ma réflexion sur le sujet a redoublé à l'occasion du séisme en Haïti et de la catastrophe humanitaire qui s'en est suivi. Ce sujet, c'est le rôle des médias - et particulièrement des médias publics - dans la sensibilisation, la mobilisation et la collecte de fonds. C'est un article publié sur le site de l'Express qui m'incite à m'exprimer sur le sujet. Je ne suis donc pas le seul à me poser ces questions. Et des échanges facebookiens avec deux confrères (ils se reconnaitront) m'ont décidé définitivement.
Que les choses soient claires entre nous : je ne juge pas les organisations qui ont été médiatisées (ou non...) à l'occasion du séisme qui a touché Haïti. Je ne juge pas leur travail ou leur action. Je ne juge pas les partenariats ou les accords ONG-médias qui se sont tissés. Surtout dans un contexte si dramatique. Au contraire, en bon fundraiser, je ne peux que me réjouir - in fine - d'une telle mobilisation. Mobilisation dans laquelle le web à largement trouvé sa place.
Au travers de ce billet, je souhaite juste ouvrir une réflexion avec vous. Celle de la responsabilité des médias (en particulier des médias publics) dans l'expression de la générosité du public face à une urgence humanitaire. J'espère que vous apprécierez la neutralité de la formulation...
Nul ne contestera le pouvoir des médias dans les stratégies de communication et de collecte de fonds. C'est le boulot de celles et ceux qui font des RP. Plus une cause est médiatisée (sous un angle positif), plus elle est susceptible de collecter. C'est mécanique. Au passage, on notera que les médias (au travers des journalistes et de leur support d'expression) sont tour à tour Ange et Démon. La plume du journaliste peut être celle qui valorise, congratule ou encense. Mais elle sait aussi être celle qui sanctionne, juge et détruit. A tord ou à raison. Peu importe. Pour ma part, je n'irai pas jusqu'à parler de liaisons dangereuses entre médias et ONG - comme l'a fait Renaud Revel pour l'Express. Les liaisons dangereuses relèvent de l'émotionnel, du coeur. J'espère bien que les "liaisons" entre ONG et médias relèvent plus de la raison. Et - idéalement (à mon sens) - dans un but d'information. Car tel est le rôle premier des médias.
Ce qui me dérange - pour recentrer ma réflexion sur ce drame en Haïti -, c'est le déséquilibre de visibilité - induit par les médias - entre les organisations qui ont pourtant toute légitimité à être "présentes sur ce terrain". Il est certainement une vraie réflexion de fond à mener sur cette question. Il est à mon sens criticable (au sens noble du terme) que certaines organisations bénéficient d'une visibilité quasi monopolistique (je sais : le terme est volontairement fort...) au sein de médias - TV, radio ou Presse. Qui plus est, publics. Les médias ne devraient-ils pas se limiter à ouvrir les yeux du public - dans une dynamique informationnelle - sur la diversité des ONG intervenant en Haïti ? Au public de faire - ensuite - son choix...
Une réflexion similaire serait d'ailleurs transposable à cet événementiel qu'est le Téléthon. De même que toute autre construction impliquant médias et ONG dans une dimension à définir. Encore une fois, je ne conteste ni l'utilité ni la légitimité de ce temps fort de la collecte en France, qu'est le Téléthon. Je m'interroge simplement sur l'équité de l'implication des médias publics dans le paysage non-profit français. Le pluralisme de l'information - défendu par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) - ne devrait-il pas intégrer une telle dimension ?
Enfin, c'est juste ma réflexion à moi. Rien qu'à moi.
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