Sumo fait à ce constat une intéressante exception. Il y a dans ce film le côté frais et divertissant des réalisations sans grands moyens, dans des univers banals, ici une petite ville au passé chargé, Ramlé, située dans un corridor historique d'invasions et reconstruite à peu de frais quand les immigrants juifs y remplacèrent les Palestiniens en fuite. A si peu de frais du reste, que le héros du film vit son père mourir sous ses yeux du fait de la piètre qualité de son balcon !
La force paradoxale de Sumo est de ne nous parler à aucun moment de ce fracas politique mais de montrer une société israélienne qui tente désespérément de se banaliser. On découvre des Japonais exploitant un restaurant de sushis, des obèses essayant de maigrir, des taulardes acariâtres, des maris cocus, des homos honteux et aspirant à ne plus l'être, bref le quotidien de n'importe quel pays occidental, ce qu'est profondément Israël malgré sa périlleuse situation géographique.
Le sujet est drôle : pour s'assumer, les gros s'adonnent au sumo et se dégottent un professeur ayant fui les Yakusas, selon la rumeur publique. Bien leur en prendra car ils parviendront à s'affranchir ainsi de la bien-pensance calorique et des regards moralisateurs.
Il ne faut pas chercher midi à quatorze heure et dans "Sumo" un film théoricien ou avant-gardiste. L'histoire est cul-cul comme une praline et l'intrigue gentillette. Mais, au Delanopolis, on n'a rien contre les pralines, c'est comme ça.