Oui, mais pas simplement. Parce Crusades s’ouvre sur bien plus qu’une BD faussement historique : ici les intérêts de chacun s’inclineront sur le besoin du groupe. Mais peut-être serait-il bon de revenir aux origines. Alors que l’armée est aux portes de Damiette en novembre 1219, quelques soldats triés sur le volet parviennent à s’immiscer à l’intérieur de la citadelle… mais le regretteront bien vite. Ils seront massacrés horriblement et à peine verra-t-on une griffe informe difforme de leur assassin.
Pour l’histoire officielle, Sarazins et Croisés seront décimés par une peste noire. Mais il revient aux vainqueurs de réécrire l’histoire. Et en l’occurrence ni les païens ni les chrétiens ne l’ont remportée…
Qu’à cela ne tienne, 25 ans plus tard, on remet le couvert, avec la même formule qui fonctionne bien : libérer Jerusalem la ville sainte des mains viles de ces maudits hérétiques. Des hérétiques auxquels il faudra pourtant apprendre à faire confiance car un ennemi puissant et sans limites attend de se farcir les uns comme les autres. Croisés ou non, on ne fera pas dans la dentelle : brûlez-les tous, leur Dieu ramassera les bouts fumant des siens…
Frère Guillaume, devenu la main des Templiers s’entourera de cinq mercenaire pour tenter de comprendre ce mal qui ravage les deux camps, et percer à jour l’utilisation que les Assassins, ces meurtriers drogués, font de l’alchimie. Pour l’y aider, il faudra libérer son frère Gautier, qui lui garde une certaine rancœur de ce que sa femme fut brûlée pour sorcellerie. Faire cohabiter les uns et les autres ne sera pas une mince affaire…
Bon. Tout cela est un premier tome, pas de soucis, mais faudra rectifier deux ou trois choses, si je puis me permettre pour les suivants. D’abord la fin… Bon, on ne vous dévoilera rien, évidemment, mais elle est un peu… hmm… mettons… grosse. Très Grosse. ENORME ! Ca ressemble au coup de panne, façon « euh, on a prévu comment de se sortir de cette situation ? » et dans une partie de jeu de rôle, on accuserait le maître de jeu d’en finir rapidement parce qu’il s’endort. Donc mieux ficeler la chose.
Ensuite, mais là, on touche à l’esthétique, les visages des personnages me parlent peu. Pas moches du tout, ni ratés, au contraire, mais bon, perso, j’accroche pas vraiment à ces séances de quadrillages qu’on leur voit gravées sur la tronche en permanence.
Et puis, si le prochain tome pouvait contenir un peu plus de ces belles doubles pages que l’on trouve de 11 à 14, ce serait parfait. Du sang en grand, une belle fresque, ça a franchement de la gueule et tout particulièrement dans une scène de bataille. Sinon, changez rien. Que du bonheur.
J’apprécie particulièrement la division en chapitres des séquences, lesquelles commencent toutes par un dessin blanc sur noir présentant l’un des personnages. L’idée générale, bien que pas inédite, connaît suffisamment de rebondissements et de péripéties pour que l’on savoure les pages, et qu’avidement, on se précipite sur la suivante. Si, si.
C’est bon, comme un hérétique brûlé vif, ou un chrétien torturé. De la sueur, du sang et des larmes, et une grosse pointe d’alchimie, à tendance diabolique. De quoi faire plaisir aux amateurs, mais clairement rebuter les historiens scrupuleux.
A savourer avec une bière coulée dans le crâne d’un des types de l’époque…