Vendredi 29 janvier, à 8 heures 20, le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, a annoncé sur Europe 1 qu’il avait décidé d’interjeter appel du jugement rendu la veille dans le procès Clearstream. Je distingue quatre raisons possibles parmi celles qui ont pu amener le procureur à prendre cette décision. Je les énumère ici, par ordre d’honorabilité décroissante :
- Désir de faire éclater la vérité
- Espoir de voir triompher la thèse du parquet rejetée en première instance
- Soumission à un ordre du pouvoir
- Souci de plaire à Nicolas Sarkozy
Je ne suis bien sûr pas en mesure d'indiquer laquelle d’entre elles a été déterminante. Je remarque cependant deux circonstances troublantes :
Le parquet disposait d’un délai de dix jours pour se déterminer. Il n’eut peut-être pas été inutile d’analyser plus avant les attendus d’un jugement volumineux, et, n’en déplaise à ceux qui prétendent que cette affaire n’est que judiciaire, les éventuelles conséquences politiques. On a toujours intérêt, en pareil cas, à ne pas se précipiter et à s’accorder un peu de réflexion, plutôt que prendre sur-le-champ une décision que l’on regrettera peut-être ensuite, pas vrai Lionel ? Pourquoi donc cette hâte ?
La justice se doit d’autre part d’être sereine. Indépendante (paraît-il), elle n’a pas à courir les estrades pour clamer haut et fort ses décisions. Si les débats sont publics, les micros et caméras en sont exclus. La justice rend ses jugements et il appartient aux médias de les publier. Il est indigne de se ruer comme Jean-Claude Marin l’a fait vers tel ou tel organe de presse pour trompéter son avis. C’est à la presse de rendre compte des procès et pas au parquet de publier urbi et orbi ce qui ressemble fort à une génuflexion devant le Président de la République, pour peut-être manifester plus vite son obéissance.