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ROPERCE, Elégies, III, 13.
Mais maintenant, les sanctuaires chôment dans les clairières désertées : tous honorent l'or, la piété étant désormais vaincue. L'or a chassé la foi, l'or a rendu la justice vénale, la loi suit l'or, bientôt c'est la conscience qui n'a pas de loi. Brûlé, le seuil atteste du sacrilège de Brennus [1] quand il attaqua le royaume pythien du dieu chevelu [2] : et le mont Parnasse, secouant son sommet porteur de laurier, répandit d'affreuses neiges sur les armes gauloises.
A Rome comme chez les Gaulois, l'avidité égare, pousse à commettre des sacrilèges, fait oublier le sacré, brise toutes les conventions normalisantes, et abaisse les hommes au rang de l'animal. Puissent les descendants des Celtes et des Romains se souvenir de l'antique sagesse de leurs Pères, pour se convaincre que la saine frugalité abat les montagnes et élève l'homme bien plus que l'opulence arrogante, qui détruit les sociétés et suscite la colère des dieux, forces primordiales de l'ordre du monde.Amaury Piedfer.
[1] Brennus : Chef qui mena les armées celtes qui envahirent la Grèce en 278 av. J.-C., avant de partir à la conquête de l'Asie Mineure. Son nom, du gaulois brennos qui signifie "chef", est identique à celui du général des armées gauloises qui prirent Rome un siècle plus tôt, vers 390 av. J.-C.
[2] Royaume pythien : Delphes, le séjour d'Apollon pythien (le "dieu chevelu"), qui se manifeste sous la forme d'un grand serpent (pytho).
Au pays des Convènes (Comminges, Pyrénées), près de l'antique Lugdunum, fortesse de Lug.L'enchantement devant le monde, richesse de l'âme européenne.