Pendant des décennies, les écoles de management ont formé de bons petits soldats qui étaient prêts à se dévouer corps et âmes à leurs entreprises moyennant une bonne protection de celle-ci. Depuis une quinzaine d’années, les différentes crises et autres mouvements de lean management ont fait voler en éclat ce contrat moral. La nature ayant horreur du vide, une nouvelle race de mutants commence à apparaître dans les écoles. Tenez-en compte !
Un colloque international de responsables d’école de management (université de Duke aux USA) a mis en évidence quelques traits de ces mutants :
« Enrichissez-vous » disait Guizot
Les étudiants, même en finance, parlent toujours d’enrichissement, mais de plus en plus dans un contexte d’enrichissement personnel. Ils sont attirés plus que leurs aînés par des projets sociaux, écologiques, communautaires, et ce même dans des pays à culture libérales comme les USA. Le côté « bling bling » du trader ou du spécialiste fusion acquisition ne s’étale plus (les candidats à ces postes se font discrets).
Bien plus, ils ne veulent plus seulement gagner leur vie, mais aussi et surtout laisser une trace positive dans le monde.
La maturité n’attend pas le nombre des années
Rien de nouveau, diront certains. Pourtant, il ressort du débat que la nouvelle génération est aussi désillusionnée sur le système que les précédentes mais moins utopistes. Leurs aînés disaient grosso-modo « mettons tout par terre et reconstruisons un avenir radieux ». La nouvelle génération qui a vu l’échec de nombre de ces tentatives, voire les extrêmes auxquelles aboutissaient certaines de ces révolutions, est plus pragmatique : « comment faire avec ? »
Ils réclament alors plus d’outils de compréhension de leur environnement. Ils veulent mieux maîtriser sa complexité. Ils savent que les sciences molles (comme l’économie) n’ont pas « la bonne réponse », mais ils ne les rejettent pas pour autant. Ils pensent que chaque discipline a une part de vérité. Ainsi, on voit émerger dans le champ de l’économie des demandes pour l’application des approches biologiques (notamment sur l’adaptation des espèces à leur milieu) ou des neurosciences (sur le comportement irrationnel des consommateurs).
Ces nouveaux businessmen sont « tendance »
Vous pourriez penser que ces jeunes auront du mal à s’intégrer dans les entreprises. Pourtant, leur ouverture intellectuelle et leur mode de leadership (plus humble, moins flamboyant) correspond bien à la demande de celles-ci. Ils ont pris très jeune l’habitude de travailler avec des personnes d’autres cultures et d’autres milieux (A titre d’exemple, il y a environ 40% d’étrangers dans les grandes écoles de management en France.)
Cela crée aussi bien un challenge tant pour les écoles que pour les entreprises. Ces jeunes veulent plus d’autonomie, le droit à l’initiative et à l’erreur et cherchent à tester leur capacité à être des leaders. Plus question d’attendre gentiment dans l’ombre de quelqu’un.
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Pas facile à manger. Le management eévolue avec la génération Y ? Vous allez plus les apprécier quand vous serez confrontés à leurs successeurs.