Plombages au mercure : où en est-on ?

Publié le 29 janvier 2010 par Estelle36
Dernière modification le 29-01-2010

Par Estelle Vereeck, Docteur en chirurgie-dentaire, auteur d'ouvrages sur les dents


Les lecteurs de ce site s'en souviennent, il y a deux ans presque jour pour jour, le premier janvier 2008, le mercure était officiellement banni de Norvège et, avec lui, les fameux plombages ou amalgames qui en contiennent à hauteur de 50%.
Deux ans après cette décision de bannir les plombages au mercure, où en est-on en France et plus généralement dans le monde ?

Amalgame dentaire en France
La décision de la Norvège connut un faible écho médiatique, que ce soit sur internet (holodent fut pratiquement le seul site à relayer l'information) ou ailleurs. La nouvelle fut peu commentée, si ce n'est par le professeur Michel Goldberg, membre de l'Association Dentaire Française (ADF) et fervent défenseur de l'amalgame au mercure.
C'est dans un journal syndical, le Chirurgien Dentiste de France, que le professeur Goldberg crut bon de fustiger la «bêtise triomphante» de la Norvège, tout en affirmant que les patients «somatiques» qui incriminent le mercure «figurent maintenant en bonne place dans les revues psychiatriques». Les lecteurs intéressés par ce morceau d'anthologie en trouveront une analyse sur le site des éditions Luigi Castelli. De fait, les patients qui ont l'audace de se plaindre d'une intoxication mercurielle, sont envoyés directement chez le psychiatre.

Amalgame dentaire en Europe

Pratiquement à la même date, un comité scientifique mandaté par Bruxelles pour décider de l'opportunité d'interdire en Europe les amalgames dentaires, dans le cadre de sa stratégie contre le mercure, innocentait les plombages au mercure de toute nocivité. On ne sera guère étonné d'apprendre que l'un des experts extérieurs ayant participé à la rédaction de ce rapport n'était autre que le professeur Michel Golgberg, celui-là même qui se permit de qualifier de «bêtise triomphante» la décision de la Norvège. Parallèlement, le Conseil de l'Ordre des chirurgiens-dentistes français joua de toute son influence sur Bruxelles pour que l'amalgame dentaire ne soit pas interdit.
Dès le début de l'année 2008, on savait donc que l'Europe n'emboîterait pas le pas à la Norvège et que les plombages au mercure avaient encore de beaux jours devant eux sur notre vieux continent. D'ailleurs, la décision norvégienne fut officiellement motivée par des raisons écologiques et non médicales. On peut donc continuer à poser du mercure dans la bouche des êtres humains, en continuant de faire semblant de croire que ce poison redoutable ne finira pas, tôt ou tard, par contaminer l'éco-système.
Amalgame dentaire aux États Unis
Six mois plus tard, en juin 2008, la FDA (Food and Drug Administration), agence américaine équivalent de l'AFFSAPS en France, publiait sur son site un communiqué détonnant dans lequel elle reconnaissait clairement la toxicité du mercure "sur le système nerveux des enfants en croissance et les foetus". Dans ce même communiqué, la FDA promettait d'étudier les matériaux alternatifs à l'amalgame et envisageait de durcir ses règles afin de restreindre l'emploi du plombage dès juillet 2009.
Après une telle annonce, on pouvait s'attendre à ce que les plombages soient interdits chez la femme enceinte. Or, rien de tout cela. En juillet 2009, la FDA se contenta d'édicter des recommandations a minima, spécifiant de ne pas utiliser l'amalgame dentaire chez les personnes allergiques au mercure et seulement chez celles-ci.
Les amalgames dentaires vus par l'assurance maladie
Fin 2009, se basant sur une compilation de travaux scientifiques, l’assurance maladie concluait à l'innocuité de l'amalgame dentaire. À toutes fins utiles, rappelons que la sécurité sociale n'a pas les moyens de financer les matériaux alternatifs au plombage au mercure (plus coûteux) et moins encore la dépose* de millions d'obturations, ce qui ne manquerait pas de se produire si l'amalgame était officiellement reconnu toxique.
Si la fin officielle des plombages au mercure n'est pas pour demain, chacun peut individuellement faire le choix d'un matériau moins polluant, que ce soit pour son propre corps ou pour la planète.

* Précautions à prendre lors de toute dépose et  solutions alternatives à l'amalgame denta: voire  le Pratikadent, rubrique Plombage-dépose.

Sommaire des autres articles sur les amalgames dentaires et la dentisterie holistique


Réagir à cet article ou poser une question en rapport avec cet article :
cliquez sur ajouter un commentaire, ci-dessous.

Pour les autres questions, voir la rubrique Poser vos questions en page d'accueil