Le derby basque aura remis Manny Edmonds sur le devant de la scène
Est-ce enfin le déclic, la fin d’un interminable cauchemar pour l’Aviron et ses supporters ? Si le douzième derby basque de l’ère moderne est conforme à sa jeune tradition, s’il marque comme lors des éditions précédentes un tournant décisif dans la saison, alors oui sans doute, Bayonne peut croire en des jours meilleurs.
Hier les Ciel et Blanc sont sortis triomphants d’un bras de fer qu’ils ont dominé de bout en bout. Tandis que le public de Jean-Dauger chantait « Mais non, mais non, l’Aviron n’est pas mort », ils ont même pendant quelques instants pu rêver à un point de bonus offensif que l’arbitre vidéo ne leur a pas accordé.
Grâce à ce succès, les Bayonnais reviennent à deux points de Bourgoin. Ils peuvent maintenant penser abandonner leur treizième place lors de la venue de Perpignan, vendredi prochain. Désormais neuvièmes, les Biarrots, eux, sont sortis tête basse, et cet échec cuisant dans le fond comme dans la forme, laisse planer un gros doute sur leur capacité à aller chercher une place de barragiste.
Le BO aux abonnés absents
« C’est un gros soulagement, avoue Christian Gajan, le nouveau coach de l’Aviron. J’ai vu des garçons solidaires, généreux en défense, acteurs de leur match. » À défaut d’être habités par la sérénité que confère la familiarité du succès, les Bayonnais surent se nourrir de l’ambiance volcanique de Jean-Dauger pour prendre à la gorge des Biarrots peut être un peu trop sûrs de leurs forces.
C’est en mêlée que le pack de l’Aviron avait décidé d’aller chercher son voisin. Et les avants du BO qui avaient donné cinq jours plus tôt la leçon aux Écossais de Glasgow perdirent leurs deux premières introductions : un signe fort. Dans le sillage d’un Arnaud Héguy, tranchant, les Ciel et Blanc bousculèrent des Biarrots cantonnés dans leurs quarante mètres. C’est logiquement que Cédric Garcia ouvrit le score après une pénalité qui devait beaucoup à l’effort de la première ligne Avril-Héguy-Iguiniz. C’est encore grâce à l’espace ouvert par une mêlée dominatrice que Manny Edmonds s’est engouffré entre Samiu Vahafolau et Valentin Courrent pour offrir à Peyras un essai libérateur (30e).
Thion et Lund blessés
Et le BO ? Durant la première période il fut le plus souvent inscrit aux abonnés absents, subissant l’agressivité de Bayonne. À l’actif des Biarrots, on nota un raid solitaire d’un Iain Balshaw (35e), l’un des seuls alors à afficher un peu de pétillant. Et encore ? Une réaction minimaliste à l’approche de la pause (10-0) que Courrent ne parvint pas à faire fructifier échouant deux fois dans les tirs au but.
Le bilan était chiche pour une formation qui revendique une place dans le top 6, et qui revenait des vestiaires diminuée par les blessures de Thion (côte cassée) et Lund (doigt). Et objectivement, pour qui aurait loupé les dix-huit épisodes précédents, il eût été hier difficile de comprendre comment cette équipe de Bayonne pouvait en être là, condamnée à lutter pour éviter la relégation.
Solide dans la conquête, bien guidé par une charnière Garcia – Edmonds à qui Gajan a su redonner confiance, l’Aviron continua à gérer son emprise avec clairvoyance. Avec le sourire même lorsque derrière un rush de ses avants, Edmonds, redevenu « super Manny », se joua à nouveau de Courrent pour marquer un deuxième essai (55e).
Alors bien sûr, mené 15-0, le BO essaya de se révolter, mais il manqua à ses tentatives de rébellion, la flamme, le tempo, pour déstabiliser la défense bayonnaise. Et à dix minutes de la fin, après avoir temporisé l’Aviron prit conscience que le point de bonus offensif était à sa portée. Il allait finalement lui échapper d’un rien.
La résurrection de Manny Edmonds
Manny Edmonds a signé son retour hier soir. Et de quelle manière ! L’ouvreur australien a été l’un des grands artisans de la victoire bayonnaise. Deux actions éclatantes, un jeu au pied précis et opportun, une complicité évidente avec Cédric Garcia.
Un match plein malgré sa sortie peu avant l’heure de jeu. Et s’il a commencé la saison titulaire, associé déjà avec Cédric Garcia, lors de la première journée à Perpignan (28-20), Edmonds a ensuite été mis sous l’éteignoir. Ne rentrant pas dans les plans des entraîneurs alors en place, l’ancien Catalan, que l’on sait très sensible à la confiance qu’on lui témoigne, a peu à peu disparu de la circulation. Il se disait alors fatigué, enclin à prendre du recul pour se reconvertir entraîneur.
Actions lumineuses
Et puis Gajan est arrivé. Le nouvel homme fort de l’Aviron le responsabilise et le repositionne à son poste : à l’ouverture. Gajan le nomme vice-capitaine pour le match de Challenge européen. Et surtout, il lui donne un rôle au sein du groupe, en prévision de l’absence de Craig Gower qui partira disputer le Tournoi des Six Nations avec l’Italie.
Alors, hier, il y a ces deux actions lumineuses. D’abord une percée déterminante sur une sortie de mêlée pour offrir à Jean-Baptiste Peyras le premier essai à la 30e. Puis sa propre réalisation à la 56e après avoir mystifié Valentin Courrent. Deux exploits qui viennent rehausser une prestation qui a confirmé toute la classe qu’on lui connaît. Mais il a également prouvé que Christian Gajan a eu raison de lui donner les rênes de l’attaque bayonnaise.
Quasiment disparu de la circulation cet hiver, Edmonds, qui fêtera ses 33 ans en avril, vit une nouvelle jeunesse. Il a été élu hier, homme du match. Tout un symbole.
Source : Sud Ouest