Le hasard est curieux, alors que sort sur les écrans le nouveau film de Jacques Perrin Océan j'entame la lecture de La Mer de Michelet édité en 1861 dont la préface de Jean Borie débute ainsi « L'océan est une valise, l'océan est un livre. La surprise est qu'il contient bien plus que des poissons et des réserves énergétiques, il contient toute la civilisation ».
A travers un tour du monde marin, nous découvrons un monde merveilleux mais non exempt de violence, la vie est un combat dont le plus fort seul continue son chemin. Poissons aux couleurs improbables, méduses diaphanes, crustacés ingénieux, côtoient des oiseaux marins, des dauphins lancés dans des courses folles, des baleines bondissant hors des flots. A ces scènes de paradis se mêlent des attaques d'orques contre des phoques ou d'oiseaux de mer qui dévorent les jeunes tortues à peine éclosent qui se carapatent vers les eaux. Si on accepte ce qui constitue le cycle naturel de l'évolution, il est plus difficile de supporter la pêche de masse où les filets ramènent tout et n'importe quoi, tortues et poissons comestibles ou non, et pire encore quand les hommes tranchent les ailerons des requins et les rejettent vivants encore à la mer, les images nous montrent un grand corps privé des moyens de se déplacer, les ouïes palpitantes, qui bientôt va mourir. Je dois être honnête, ces images sont très rares et les caméras ne scrutent pas la douleur.
Vous me direz que nous avons déjà vu tout cela dans de nombreux documentaires animaliers, c'est vrai, mais ici les images sont particulièrement belles et certaines scènes étaient totalement inédites pour moi. Je pense en particulier à cet instant où la mère morse prend dans ses bras son petit pour le cajoler ! Ce sont ses nageoires qui font office de bras bien entendu, mais cette scène est terriblement troublante, tellement humaine et pleine de tendresse.
Le film est très beau même si les quelques commentaires dits par Jacques Perrin sont un peu nunuches bien que reflétant la vérité, nous avons fait disparaître de nombreuses espèces animales arrêtons le carnage, il n'y a qu'une seule Terre et pas de Plan B alors prenons en soin. Néanmoins je trouve Océan moins réussi que Le peuple migrateur, justement parce qu'ici il y a un message derrière les images alors que le documentaire consacré aux oiseaux ne faisait que nous montrer un aspect de la Nature. Par ailleurs comme toujours dans ce genre de film, je regrette l'absence d'un sous-titre discret, indiquant le nom des animaux à l'écran car souvent on ne sait pas ce que l'on voit finalement. En tout cas une prouesse technique de filmage pour ce film qui nous rappelle que les mers et les océans ne sont pas que « l'endroit où que les poissons font caca ! ».
Océan film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud Durée : 1h43