« Je remercie le chef de la justice pour avoir exécuté deux émeutiers et je l'invite à en exécuter d'autres s'ils ne renoncent pas aux manifestations", a-t-il déclaré, en référence à la pendaison de deux jeunes Iraniens, accusés d'être des « mohareb » (« ennemis de Dieu ».
A la tête du Puissant Conseil des Gardiens - une instance d'arbitrage du régime chargée, entre autres, de présélectionner les candidats aux élections, et de ratifier les résultats -, le Religieux à la barbe blanche est même allé jusqu'à comparer les opposants iraniens aux « tribus juives qui défièrent le prophète Mahomet ».
« Le prophète Mahomet signa un pacte de non-agression avec trois tribus juives », a-t-il dit devant un parterre de traditionnels fidèles, rassemblés dans l'enceinte de l'université de Téhéran. « Les juifs n'ont pas respecté leurs engagements, et Dieu ordonna leur massacre », a-t-il poursuivi. Avant d'ajouter que l'imam Ali, cousin et gendre du prophète, « donna alors l'ordre d'exécuter 70 juifs », en dépit de sa réputation d'homme bon et intègre. « Quand il s'agit de se débarrasser de l'ennemi, la compassion divine perd son sens », a-t-il précisé, dans son discours retransmis en direct sur les ondes de la radio nationale.
Cette violente mise en garde - qui vise, sans doute, à dissuader l'opposition de descendre à nouveau dans la rue à l'occasion de l'anniversaire de la révolution, le 11 février prochain- a de quoi rappeler d'éprouvants souvenirs aux Iraniens. A l'époque, le renversement du Chah, suivi par la prise du pouvoir par un seul groupe, celui des Religieux, déboucha sur une vague intense d'exécution visant les « ennemis du régime ».
Mais il y a trente et un ans, les moyens de communication étaient bien plus milités. Aujourd'hui, l'arme de la peur ne semble plus produire plus les mêmes effets. Au lieu d'isoler les protestataires, elle les galvanise. Ainsi, signe des temps qui changent, la nouvelle de l'exécution des deux opposants n'a fait que renforcer la détermination de certains. Dans une interview accordée hier à la chaîne satellitaire Al Jazira, que les internautes se sont échangés sur le Web tout au long de la journée, le père d'Arash Rahmanipour, l'un des deux jeunes hommes pendus, fait part de son désarrois. Mais aussi de sa détermination. Selon la journaliste en charge du reportage, il aurait refusé d'accepter tout type de condoléance, seulement des félicitations, parce qu'il dit que « son fils est mort en martyr au nom de la démocratie iranienne » (voir vidéo, en anglais, ci-dessous).
Et puis, symbole de fissures qui continuent à traverser l'establishment politique et les milieux religieux, le leader de la prière du vendredi de Zahedan (Sud du pays) s'est distingué, aujourd'hui, par un discours particulièrement virulent contre l'usage de la force et de la violence par les autorités au pouvoir. Ses propos, retranscrits en persan sur Zamanonline, le blog d'un journaliste local, sont aux antipodes de ceux de Jannati.
« La peine de mort ne peut résoudre les problèmes d'une société. Au contraire, elle les exacerbe », prévient-il, tout en appelant au « respect de la libre expression », et au "partage du pouvoir" entre "toutes les tendances politiques, mais aussi les minorities éthniques et religieuses". Avant de poursuivre, sous forme de mise en garde : « Aujourd'hui, le problème est le même qu'à l'époque du Chah. Ses proches refusèrent de l'informer des protestations et des critiques. Quand le Chah finit par entendre la voix des protestataires, il était déjà trop tard »....