Chaque année, un Français ingurgite 25kg de volailles. Cela peut sembler beaucoup mais c’est tout de même moitié moins qu’un Américain qui avec ses 50 kg annuels est de loin le premier consommateur mondial de volailles. La consommation de volailles ne cesse de baisser. Le Canard Enchainé daté de cette semaine conte une histoire qui ne va pas doper les ventes de poulet.
Comme la plupart des produits carnés que nous consommons, les volailles sont élevées et préparées avec amour dans de belles et grandes structures industrielles. De piètre qualité gustative, le poulet industriel au bon goût de papier mâché grandit dans de gigantesques poulaillers surpeuplés. Il n’y a pas très longtemps on s’est rendu compte que lorsque l’on mettait plusieurs centaines de poulets du même type dans un même lieu, dès lors que l’un d’entre eux attrapait un rhume, touts tombaient rapidement malades voire mouraient.
Cette surpopulation aviaire fait le bonheur d’une admirable bactérie répondant au doux nom d’Escherichia Coli. Des chercheurs ont récemment découvert que l’on pourrait peut-être utiliser cette bactérie pour produire des biocarburants. Dans l’attente de cette heureuse reconversion, Escherichia Coli se charge de polluer votre appareil digestif. C’est à cette bactérie que l’on doit de fâcheuses mésaventures allant de la gastro à la cystite. Cette infection urinaire touche chaque année 5 millions de Français (en réalité majoritairement des Françaises).
Là où il y a un os, c’est que d’éminents scientifiques viennent de mettre en lumière un lien entre cette infection urinaire et la consommation de volailles. Au cours de leur étude nos Sherlock Holmes de l’infection urinaire ont en effet constatés que les souches d’Escherichia Coli présentes dans les urines des patients atteints de cystite étaient identiques à celles prélevées sur la viande de poulet de supermarché ou de Fast Food.
Mais comment est-ce possible ? En allant prendre le pouls de nos volailles, les inspecteurs vétérinaires Européens ont souvent soulignés l’hygiène déplorable des abattoirs. Ces paradis à bactéries sont en France pour moitié non conformes aux normes d’hygiène. Gavés aux antibiotiques plutôt qu’au grain, nos poulets contaminés nous transmettent leurs bactéries ultra résistantes contre lesquelles nous avons bien du mal à lutter.
Ce merveilleux récit pourrait faire le bonheur de nos amis Américains qui depuis de nombreuses années tentent de faire infléchir Bruxelles au sujet de leurs poulets chlorés. Cette histoire de poule mouillée à l’eau de javelle dégénère en confit depuis 1997. Escherichia Coli, constitue l’occasion rêvée pour Washington de pousser son poulet dans la basse cour Européenne.
Loin d’avoir retenu la leçon des différentes épizooties qui l’ont secoué, l’industrie aviaire semble avoir oublié que c’est en trayant sans cesse la vache à lait, on tue la poule aux œufs d’or.