À Davos, Margaret Atwood censurée par l'horaire

Par Actualitté
Davos, petite ville suisse, mais avant tout symbole financier mondial, puisqu'abritant le World Economic Forum... Inauguré par un Sarkozy qui aura viré sa cuti, avec des propos de gauche qu'on ne lui connaissait pas, ce Forum aura également reçu la visite de Margaret Atwood, la romancière.
Elle était présente pour recevoir le Prix Cristal, récompensant une personne hautement estimée et considérée comme un modèle culturel. Son message à destination des dirigeants du monde entier devait concerner l'art, une pratique aussi vieille que l'humanité, qui ne saurait être tuée quels que soient les coups qu'on lui porte.
Mais voilà. Elle n'aura jamais pu le prononcer. Sur son blog, la romancière explique en effet que pour respecter des contraintes horaires, les discours des artistes récompensés ont été coupés. On sacrifia donc sur l'autel des délais les paroles de personnes sensées.
L'Art, vocation humaine, impératif
Elle l'a reproduit en intégralité, et l'on peut le consulter à cette adresse.
L'art « n'est pas un luxe — il s'agit de quelque chose que les sociétés humaines peuvent choisir d'embrasser ou de négliger. L'art n'est pas seulement ce que nous faisons, c'est ce que nous sommes. Pouvoir jouer de la musique, danser ou parler semble des facultés appartenant à chacun d'entre nous sur cette terre. »
« Quelle est la place des arts dans un forum économique ? Chacun d'entre nous voit le monde depuis un point de vue limité, il est donc naturel pour ceux qui touchent à l'économie d'essayer de dégager une économie de l'art. Est-ce un objet de charité ? Est-ce utile ? À quoi cela sert-il ? À quoi cela contribue ? Nombre de personnes en ont défendu la dignité intangible, pour que cette pauvre créature survive, comme s'il s'agissait d'un chat errant. D'autres, et des politiques parmi eux, ont fait de leur mieux pour l'achever. »
Le pianiste chinois Lang Lang et le compositeur suisse Udo Jurgens ont également été primés.