Le sport, une star médiatique !
Parler de sport pour une personne qui n’est pas « passionnée » n’est pas chose aisée. Néanmoins, l’hypermédiatisation de certains sports et surtout de certains sportifs nous ramènent tout de même à en connaître bien plus sur le sujet qu’on ne pourrait penser.
Comme pour toute autre activité, il existe des médias spécialisés dans le sport (Sportatoo, l’Equipe, Eurosport, etc…) et, malgré tout, nous pouvons constater que les médias généralistes lui laissent une part très importante dans leurs programmes. Notons, par exemple, que TF1 et Canal+ se partagent les droits de la « Champion’s League », alors que des chaînes spécialisées n’en n’ont pas les moyens. Chaque année, d’âpres négociations se jouent entre les différentes chaînes pour acquérir ces droits tant convoités. On peut se demander pourquoi un tel acharnement ?
Le sport fait vendre. Il représente une manne financière incontestable pour les médias généralistes à la fois du point de vue de l’audience que de celui des annonceurs.
Le sport, en France, c’est 26 millions de pratiquants dont 15 millions de licenciés. Environ 6 000 athlètes de haut niveau se démarquent mais seulement une centaine focalise l’attention de tous les médias.
Une question vient alors à se poser. Le sport peut-il exister sans les médias ? Les médias peuvent-ils se passer du sport ? Voici une problématique qui prend tout son sens lorsque l’on regarde de plus près certains sports et certains sportifs.
Vous par exemple, où étiez-vous ce fameux 12 juillet 1998 ? Loin d’être une férue de football, le billet d’entrée pour le stade étant trop cher, j’étais tout de même devant ma télévision, comme 20,6 millions d’autres personnes en France pour regarder France-Brésil. Entourée d’une ribambelle d’amis, de la famille et d’amis de la famille, les générations se sont mélangées pour une soirée unique. Grâce à la télévision nous avons pu assister à cette triplette mémorable de « notre chère et tendre équipe ». Celle-ci même qui nous a fait descendre dans les rues, pleurer de joie, resserrant les liens d’un France jamais autant unie depuis.
Citons également l’exemple de la Coupe du Monde de Football en Corée et au Japon, l’audience cumulée a atteint les 30 milliards de téléspectateurs. Ceci en fait l’événement sportif le mieux couvert et le plus populaire de l’histoire de la télévision.
Voici une ébauche de réponse à la problématique. Sans la télévision, nous n’aurions, pour la grande majorité, jamais vu ces trois buts qui ont hissé notre pays au sommet, et sans cet engouement pour le foot, la télé n’aurait jamais atteint de tels « scores » d’audience. Enfin, sauf peut-être avec les « Expert Miami »…. Hum…
Les médias alimentent cette ferveur, créent ou du moins soudent, une communauté de passionnés et de personnes qui aiment cette ambiance chaleureuse que l’on ne retrouve qu’à l’occasion de ces rencontres sportives. On peut noter une forte proportion de personnes qui consomme le sport par les médias sans pour autant le pratiquer dans leur quotidien. La beauté du sport les envahit bien qu’ils n’aient pas l’envie ou la possibilité de le pratiquer. Les diverses facettes du sport (le fair-play, la cohésion d’une équipe, la compétition, le dépassement de soi, etc…) les transportent au delà même de l’activité physique. C’est en ça que les médias ont un rôle très important. Au-delà des 26 millions de pratiquants il existe bien plus de passionnés de sport.
Il est important de noter que la médiatisation ne touche qu’une partie du monde du sport, à savoir le sport professionnel, comme par exemple le football, le rugby ou encore le tennis. Cependant les diverses disciplines sportives sont très inégalement représentées sur les ondes et les écrans.
Les sportifs sont-ils des stars médiatiques ?
On peut s’accorder sur un point : voir un joueur de foot gagner des sommes astronomiques tout en effectuant sa passion, avoir toutes les femmes qu’il veut (oui…. parce que les joueuses de foot qui crachent et qui transpirent, c’est moins sexy…) et être élevé au rang de star… nous a tous un jour fait envie. Ce sempiternel débat sur la légitimité de ces joueurs (trop) payés, (trop) adulés, (trop) parfaits est tel que les médias n’hésitent pas à se déchaîner quand ces sportifs de haut niveau font un faux pas. Ils n’ont pas droit à l’erreur ni dans leur vie privée et encore moins sur le terrain. Le dernier exemple en date a donné lieu à une polémique telle que la France même s’est divisée. Les journaux, la télévision, Internet, la radio, tout le monde ne parlait plus que de le « Main » de Thierry Henry, lors de la rencontre de qualification France-Irlande pour le Mondial 2010. On relance alors le débat sur l’arbitrage télé, on interroge tous les sportifs qui ont eu l’occasion de jouer avec Henry, on remet tout en cause, jusqu’à la valeur même du joueur. Déjà à l’époque, la main de Maradona avait également fait couler beaucoup d’encre. Quoi qu’il en soit les médias n’ont eu de cesse de poursuivre et d’alimenter cette polémique jusqu’à épuisement. Comme dans le paradoxe de la poule et de l’œuf (d’ailleurs si quelqu’un a la réponse…), nous pouvons nous demander si ce n’est pas le spectateur qui a alimenté le débat et attisé le déchaînement médiatique.
Les médias nous vendent-ils des polémiques que nous alimentons à notre tour ? Ou, à l’inverse, est-ce nous qui créons le débat et les médias qui le nourrissent pour vendre ?
Les joueurs, les clubs, les fédérations, tous ont poussé la porte des médias et ont pour ainsi dire ouvert « leur boîte de pandore ». Les médias peuvent les propulser au rang de star mondial mais ils peuvent également les faire redescendre aussi vite.
Laure Manaudou en a fait les frais. De ses exploits olympiques, ses médailles, ses records, les médias s’en sont détournés pour nous raconter ses déboires amoureux, ses baisses de moral, ses échecs personnels. Il serait bien facile de porter un regard très manichéen sur le pouvoir des médias mais néanmoins ne pouvons-nous pas considérer que d’être poursuivi, harcelé, dévoilé à notre insu, altérerait nos capacités et notre motivation ? Voir son portrait dans les revues à scandales, ne plus pouvoir sortir sans qu’on ne voit une photo affichée dès le lendemain. Est-ce vraiment ça l’image que nous voulons nous faire du sport ?
Fausse photo de Laure Manaudou.
Bien que les réels passionnés arrivent à occulter la presse à scandales, nous, consommateurs lambda, même si nous ne prêtons pas attention à ces faits, à travers ce matraquage médiatique nous prenons part et subissons une influence non désirée.
Néanmoins grâce aux médias, ces sportifs de haut niveau connus par le grand public sont érigés en tant qu’icône et permettent de faire connaître leur discipline à des néophytes. Laure Manaudou et Alain Bernard nous ont donné l’envie de suivre leurs exploits en natation, Yannick Noah a transmis son amour du tennis au travers de matchs intenses, Hussein Bolt nous a fait courir en vain…
Les médias font du sport un spectacle, car il représente une manne financière incontournable. Le sport a besoin de la même manière des médias pour se démocratiser, véhiculer ses valeurs et trouver des financements. Le tout pour le grand plaisir des spectateurs sans qui rien de tout cela ne serait possible.