Le refuge

Publié le 29 janvier 2010 par Lorraine De Chezlo
de François Ozon
Drame - 1h30
Sortie salles France - 27 janvier 2010
avec Isabelle Carré, Louis-Ronan Choisy, Pierre-Louis Calixte, Melvil Poupaud...
Quand Louis meurt d'une overdose, sa copine Mousse, héroïnomane également, a la chance d'être épargnée. Elle apprend qu'elle est enceinte. Face à la famille très aisée et très inhospitalière de Louis, elle se retrouve seule, et pour affronter ce double choc, décide de quitter Paris pour le pays basque, dans une maison qui sera son refuge alors qu'elle entreprend son traitement de subtitution à la méthadone. Elle est rejointe quelques mois plus tard par Paul, le petit frère de Louis, qui est en vacances. Ce qui les rapproche ce sont leurs différences. Ce qui devrait les rapprocher les oppose. Grâce à lui, Mousse se remettra lentement sur les rails de la maternité et de l'envie de vivre.

C'est l'histoire d'une grossesse sur fond de deuil et de désintoxisation. L'histoire d'une junkie qui se coupe du monde pour panser ses blessures et éviter de penser, pour enfin comprend que du monde, elle en a besoin sans plus savoir aimer. Infilmable donc, trop pathétique. Et pourtant. C'est l'histoire d'une rencontre, d'une redécouverte de l'autre, de Paul, son beau-frère, d'un attachement qui va naître mais qui en rien ne sera évident. Rien de l'histoire d'amour convenue. Si Mousse martèle souvent que Paul ressemble à son frère, c'est pure coïcidence finalement. Ou besoin de voir en l'autre l'être regretté.

Il y a dans ce film de François Ozon beaucoup de délicatesse, de pudeur malgré ces corps filmés, malgré ce ventre véritable qui fait du Refuge un des rares films sur la grossesse réalisé avec une actrice véritablement enceinte. Réalisé par un homme avec un regard très intelligent. Enceinte mais pas en voie vers la maternité. Ce ventre est là sans qu'elle sache comment l'appréhender, hormis tenter de l'ignorer ou se souvenir du père...

Il y a aussi dans ce film l'envie du réalisateur de nous faire réfléchir comme souvent, sur la mort, sur la filiation, sur la famille et ses vérités tues, sur l'homoparentalité et la monoparentalité aussi.Et puis aussi, il y a cet aspect presque documentaire sur les ravages de la droque dure dans certains milieux très aisés, et la grossesse des femmes sous traitement à la méthadone. Une grossesse possible. Et derrière, une naissance possible d'un enfant pour l'avenir. Et derrière une renaissance possible pour une femme déboussolée. Possible mais pas systématique. La fin du film nous renvoie à l'angoisse pour Mousse, au spectre de l'inévitable rechute, à nos désillusions...
Derrière son visage enfantin, Isabelle Carré laisse voir une dureté inhabituelle. Elle évoque de plus en plus Isabelle Huppert je trouve...
Impossible de parler des acteurs en omettant d'applaudir la prestation de Louis-Ronan Choisy, un très bel homme, un comédien que l'on découvre ici, ainsi que ses talents de chanteur-compositeur et la tendresse infinie de sa voix : il joue une scène où il interprète au piano une des ses compositions pour l'occasion (voir la vidéo ci-dessous), avec un clin d'oeil à Mousse. Très joli dans le film.. L'avis de Zéro janvier - Chroniques d'un terrien en détresseLouis-Ronan Choisy & Isabelle Carré - Le Refuge
extrait de la BO du film. Album de Louis-Ronan Choisy "Rivières de plumes" prévu pour mars 2010