Je reviens un petit peu à contretemps sur cette histoire qui a déjà beaucoup
fait réagir la blogoboulle, le projet d’Air France-KLM de faire payer 175% du
prix d'1 siège aux obèses qui en utilisent 2 !
Dans les nombreuses discussions que j’ai pu lire sur le sujet,
s’affrontaient, souvent avec véhémence ceux qui criaient au scandale ou pire
encore à la discrimination et ceux qui considéraient comme normal qu’un obèse
paye pour la place qu’il utilise.
Il me semble, que sur un tel sujet, comme souvent, la problématique est mal
posée car uniquement portée sur un plan moral !
Pour ma part, sans même partir dans des considérations nécessairement
complexes sur la question de savoir si les obèses sont responsables ou non de
leur état, sans non plus considérer les réelles difficultés qu’il y a à fixer
une limite entre l’obèse qui nécessite 2 sièges, du gros qui peut se contenter
d’1 seul, je l’exposerais de la manière suivante :
1ère question
Est-il normal qu’un utilisateur de bien ou de service paye ce qu’il consomme
?
Dans le principe, je répondrais oui !
Imaginons, qu’un obèse rentre dans une boutique d’ameublement. Il y a là 2
fauteuils identiques sauf qu’il y en a un plus large que l’autre et donc plus
cher que l’autre !
Nous viendrait-il à l’idée de vilipender le marchand de meuble et d’appeler
au boycott de son commerce parce qu’il vend plus cher le fauteuil plus large
que le fauteuil plus étroit ?...réponse non, même si notre malheureux obèse n’a
pas d’autre choix que d’acheter un fauteuil large !
Dans le cas présent, nous avons à faire, non pas à la vente d’un bien, mais
à celle d’un service, mais fondamentalement c’est la même question qui se pose
puisque Air-France précise bien que si l’avion n’est pas plein, ce qui signifie
que si ça ne lui coute quasiment rien d’octroyer un siège supplémentaire à
notre obèse, il le rembourse du surplus !
2ème question
La collectivité doit-elle faire preuve de solidarité vis-à-vis des obèses,
considérant qu’ils ne sont pas responsables de leur état ?
Pour les besoin de mon exposé, je répondrais oui, pourquoi pas !...même si
la question n’est jamais posée en ces termes !...la solidarité nationale se
manifeste vis-à-vis d’un tas de gens et c’est tant mieux, mais elle s’exprime
de manière pour le moins opaque, elle n’est jamais réellement affichée comme
telle, à tel point que personne n’en est satisfait ni ceux qui en bénéficient
qui la considèrent comme un dû et de toute façon insuffisante, ni ceux qui n’en
bénéficient pas et qui considèrent qu’il n’y a pas de raison qu’ils en soient
écartés, ni ceux qui payent les impôts pour la financer !
Bon, ce n’est pas le sujet du jour, je n’insiste pas, revenons à nos obèses
pour effectivement considérer que leur vie n’est déjà pas facile et qu’il n’est
pas utile de les brimer un peu plus encore !
3ème question
La 3ème question découle de manière logique des 2 premières.
Qui doit payer pour les choix collectifs de solidarité ?
Si je reprends mon exemple, on ne va pas demander au marchand de meuble d’en
être de sa poche sous prétexte qu'il a la malchance que son client soit obèse
!
Qu’il veuille faire un geste commercial pour s’attirer les bonnes
grasses grâces de cette clientèle, considérant, hélas à juste titre,
que cette population est amenée à être de plus en plus nombreuse, pourquoi pas
!...mais ce choix est strictement de son ressort !
En ce qui concerne Air France, je dirais exactement la même chose. Ils
peuvent très bien décider de rehausser leur image en proposant gratuitement 2
sièges aux personnes très fortes, mais ils peuvent également tout à fait
décider de ne pas le faire, je n’y vois rien de scandaleux !...encore une fois,
cela s'appelle des soldes ou un geste commercial !
Pourquoi imposerait-on de manière péremptoire à une Société privée
particulière, de participer à l’effort de solidarité nationale vis-à-vis de
telle ou telle catégorie de personnes ?
De 2 choses l’une, soit le choix d’aider les obèses qui prennent l’avion est
fait par la Société française et alors, que la collectivité leur rembourse les
75% de siège qui leur est demandé en plus, soit la collectivité ne fait pas ce
choix et dans ce cas qu’elle ne l’impose pas à tel ou tel acteur privé …ou
alors qu’elle l’impose à tous les acteurs privés comme les normes pour
handicapés par exemple !
Cette malheureuse histoire est somme toute sans grand intérêt sinon qu’elle
révèle une de nos nombreuses contradictions en matière de solidarité nationale
ou générosité et bons sentiments sont d’autant plus faciles qu’ils sont payés
par d'autres !