Pour comprendre le Sarkozysme, rien ne vaut un bon livre. Depuis peu les esprits curieux et/ou rebelles peuvent se plonger dans le livre de Thomas Legrand au titre évocateur : Ce n’est rien qu’un président qui nous fait perdre du temps (Stock, 158 pages, 12 €).
L’auteur, chroniqueur remarqué sur France Inter , livre un petit manuel de décryptage dont l’autre titre aurait pu être Le Sarkozysme pour les nuls. Quel rapport avec DDV ? Et si, comme notre actuel président, l’ancien Premier ministre après tout, ce n’était rien ? Plus exactement, est-ce que le bruit du canon ne serait que du tir à blanc dont le brouhaha ne couvrirait simplement qu’une bataille de soldats de plomb ?
Celui dont on aime le côté théâtral de colonel d’Empire, le verbe haut et le panache en avant s’inscrit devant un décor en carton pâte. De la forme, de l’esthétique mais, pas de fond. DDV, que certains célèbrent comme le nouveau Chevènement de droite, est certes l’homme du discours de l’ONU mais également pour l’histoire bien d’autres choses. L’homme du CPE et de la dissolution contreproductive de 1997 qui lui vaudra le surnom affectueux de Néron attribué par une Bernadette Chirac qui n’a jamais supporté son emprise sur son époux. L’animateur également, avec l’avocat Francis Szpiner, de la cellule juridique du secrétariat général de l’Elysée chargée de suivre et d’étouffer les multiples affaires politico-financières de la Chiraquie (Mairie de Paris, RPR).
A contresens du sentiment dominant Thomas Legrand voit dans Nicolas Sarkozy, “un Chirac en sueur“. De l’agitation, beaucoup, mais surtout, une absence de résultats concrets. La thèse met à mal toute la construction politique de Nicolas Sarkozy qui a vendu, et continue à vendre, aux français la rupture avec l’immobilisme doucereux des années Chirac.
Selon le journaliste de France Inter, l’élection de 2007 constitue l’avènement du storytelling et du discours performatif. Un nouveau style de gouvernance qui tente de faire croire que, parler c’est agir. Or pour Thomas Legrand justement Nicolas Sarkozy contrairement à ses affirmations c’est plus des effets d’annonce que de véritables réformes menées jusqu’à leur terme.
DDV, à défaut de programme ou de pensée politique clairement circonscrite, parle et multiplie les effets de manche. En spécialiste avisé, Franck Louvrier le responsable de la communication de l’Elysée parle à son égard de “bruit médiatique“.
Nicolas Sarkozy et DDV, c’est donc un peu l’histoire de deux frères ennemis, la version modernisée de la série Amicalement votre muée en Politiquement votre.
Une politique spectacle qui n’a finalement aucune importance, qui selon les avis nous distrait ou, comme le pense Thomas Legrand , nous fait seulement perdre notre temps.
Nouvel épisode à la série, on vient d’apprendre que, relaxe rimant avec furax, le parquet dans sa grande indépendance venait de faire appel dans le dossier Clearstream.