Plaisirs

Publié le 29 janvier 2010 par Vincent

[...] le grand plaisir est une question de partage. C’est celui d’être ensemble, au restaurant, de parler, de boire, de manger.

Il y a en France cette culture vitale qui tourne parfois à la dimension d’une drogue, celle des endomorphines, ces fameuses hormones qui se déclenchent lorsqu’on a couru pendant 15-20 km. C’est alors la création d ‘un manque permanent, l’ivrognerie du plaisir !

L’achat procède de même. Il y a l’achat pour l’achat mais surtout l’achat désiré. Vous aviez vu un meuble, une estampe, une ceinture de cuir. On arrive alors à se l’offrir. L’objet est là, le plaisir demeure chaque fois que l’on passe près de ce meuble, de cette estampe, que l’on passe cette ceinture dans les passants. Il fonctionne en résonances. Il appartient à ces petits plaisirs que constituent une raie de lumière, un sourire.

Les multiplier constitue un art de vivre. On les ajoute, les surajoute : à table lorsqu’on boit un bon vin, on ne peut s’empêcher d’en parler, on est dans l’entendement, le clin d’œil ; le corps parle. Il peut même parler : dis mois ce que tu penses, ce que tu ressens : j’existe alors par ta parole. S’il n’y a pas d’échange, on est foutu ! Le paradoxe du plaisir lorsqu’il déborde, on en oublie son corps, on passe de l’autre coté, une sorte d’essence. On réalise alors que tout va bien, la plénitude est proche.

Jean-Claude Ellena, rencontre par François Simon