Qui aime bien, châtie bien. Gardez en tête cette maxime le temps de cette critique, car parler de La Horde revient à discuter de la marche en avant du cinéma de genre français. Difficile en effet d’être totalement négatif sur un film qui se démène comme un beau diable pour accrocher le wagon du vrai film de zombie, hommage à l’appui, sans en noter les nombreux défauts. On va donc y aller doucement, et commencer par le commencement.
La Horde est annoncée depuis des mois comme le revival du film de genre français (on oublie un peu trop vite Mutants, qui sans avoir les difficultés financières de la Horde, n’a pas eu un succès mérité), celui où un groupe de survivants massacre du zombies à tout va en attendant d’y passer à leur tour. Fan d’hémoglobine, réjouissez vous : ça charcute! On ressort un peu déboussolé de la séance, le film se remplissant de scènes d’action tentant de décoller la rétine du spectateur. On note les efforts. Hélas, tout ceci s’empêtre maladroitement dans un grand capharnaüm déséquilibré, où les bons moments ne font qu’essayer de faire oublier la faiblesse du scénario et de l’ensemble.
Alors oui, les effets spéciaux sont là, et c’est bien la seule preuve de crédibilité du film. Mais face à un manque de moyen, qui pourrait avoir son charme quand on a suivi l’aventure depuis le début (le casting de la figuration « zombie » sur MySpace, etc…), on découvre un film à trous comblés par du numérique cassant l’ambiance du film d’horreur, rajoutant ça et là des gerbes de sang. Oui, on peut faire un film sans moyens, mais généralement on adapte son histoire au budget qu’on a. Et La Horde aurait pu faire plus simple, se concentrer sur son sujet au lieu de multiplier les effets pour faire joli (enfin, sanglant). Entre une scène d’ouverture amplement inutile, et la démultiplication des sous-intrigues à caractère social (la femme enceinte, les deux frères..), le film souffre du syndrome français à tout vouloir expliquer. Nous, on veut juste du zombie! A trop vouloir remplir leur film, les deux réalisateurs (quatre scénaristes) en oublient de raconter une histoire, et voilà une oie trop gavée pour être comestible. On ne saura jamais vraiment qui a filmé quoi (ou ont ils filmés tout deux en même temps?) mais la réalisation en elle-même donne le sentiment d’alterner les effets, de chercher sans vraiment trouver le bon angle. Sans être totalement désagréable, on oscille entre des plans hommages (les ombres qui filent, la hache traînant par terre…), l’action filmée sans réelle continuité, un humour franchouillard (voulu?), et le tout porté par un casting qui se démène comme il peut dans cette version de Banlieue 13 versus les Zombies. Si Yves Pignot est plutôt une bonne surprise, on se demande ce que Claude Perron est venu faire ici…
On oublie forcément de parler du scénario, qui se résume (c’est voulu par le genre..) à une descente d’escaliers dans un immeuble de banlieue parisienne, entre les voisins peu sympathiques, et une horde (donc) de zombies affamés. Si l’ensemble passe au forceps, aidé par des litres d’hémoglobines et d’armements en tous genres, c’est pour mieux oublier les facilités d’écriture que se sont donnés ses scénaristes. On demande un minimum de consistance au genre, et si certains y arrivent très bien, on se retrouve ici avec un patchwork d’idées qui éclaboussent l’écran sans servir le récit. Passez le fait que Paris soit mis à feu et à sang en moins de dix minutes (au début), et quelques classiques du genre côté personnages (gros hommage à Alien, n’empêche!), les auteurs tentent de remplir leur fonction : offrir du sang. Ne cherchez pas plus loin.
Au final, si cette somme de défauts peut vous faire peur, rassurez vous. Les amateurs du genre devraient y trouver leur compte, et les autres comme à l’habitude passer leur chemin. Moins solide qu’un Frontière(s), plus connoté que Haute Tension, La Horde peut se targuer d’avoir servi de banc d’essai pour la suite. Il faudra juste penser à écrire un scénario avant d’envisager les effets spéciaux. Reste la Meute, donc on attend beaucoup. Comme chaque film de genre français (ou belge).
Et merci à Athomedia pour l’invit’, et FullyHD pour m’y avoir accompagné.. en attendant sa critique!