Magazine Cinéma
Synopsis :
Au Nord de Paris. Décidé à venger la mort d'un des leurs, un groupe de policiers prend d'assaut une tour HLM, dans laquelle s'est barricadée une bande de gangsters, et se retrouve sans le savoir confronté à une horde de zombies. Flics et malfrats n'auront d'autre solution qu'unir leurs forces pour venir à bout de ces êtres terrifiants...
Critique :
Si vous lisez ce blog régulièrement, vous savez combien « La Horde » était attendu. Première réalisation de Benjamin Rocher et de Ze Yannick Dahan (pour lequel nous vouons une admiration certaine – voir ici ou là), elle était attendue de toutes parts, par les fans du personnage, par les fans de films de genre, par les fans de zombies, par les fans de films badass mais aussi…par les détracteurs du monsieur. Autant dire qu’après avoir critiqué sans retenu pléthore de films (dont certains mythiques) et en n’y allant pas de mains mortes sur la presse française, Dahan faisait le grand saut…en se mettant lui-même la tête sur l’échafaud.
Gardons à l’esprit que même si ce film est un peu à part pour nous (nous avons failli y faire de la figuration, des contraintes pro en ayant décidé autrement, mais surtout, nous sommes devenu des petits co-producteurs en donnant généreusement quelques euros) nous n'avons pas renié notre objectivité car dans le fond, qui aime bien châtie bien
Ne mâchons pas les mots : le début du film est extrêmement mauvais. (je dis le début hein, attendez la suite). Une présentation inutilement complexe des personnages lors d’un enterrement cliché pour arriver à une opération commando de 4 flics armés comme à Beyrouth dans un immeuble désaffecté de la banlieue Parisienne. L’objectif de cet assaut n’obéit qu’à une seule règle : venger leur ami en dézinguant une bande de malfrats. Pourquoi pas sauf que cette introduction met en exergue dès les premiers instants les plus gros défauts du film : 1 – les acteurs 2 – les dialogues.
Défauts dont le film ne se relèvera jamais mais plutôt arrivera à les faire plus ou moins admettre par l’audience. En effet, tout cela sonne comme un très très mauvais téléfilm de TF1 avec une direction d’acteurs abominable et des dialogues simplement…affligeants (quand on connait l’équipe du film, je dois admettre être tombé de bien haut).
Le démarrage est donc laborieux mais donne néanmoins l’occasion de voir l’excellente photographie générale, l’ambiance sale et poisseuse de cet immeuble et amène progressivement vers le nerf de la guerre à savoir la boucherie badass. Et oui, car si clairement on se demande ce que l’on fait dans la salle pendant 30 minutes, l’heure suivante va vous donner ce que vous êtes venu chercher à savoir un vrai spectacle hardcore comme j’en ai rarement vu (sans rire) au cinéma. Une violence poussée à l’extrême et renforcée par une mise en scène et une honnêteté générale salvatrice. En faisait fi du jeu réellement pathétique général, on arrive petit à petit dans ce que Yannick Dahan et sa team souhaitaient faire à savoir un film d’horreur sale et fondamentalement jouissif.
Si la première moitié arrive à maintenir tant bien que mal le spectateur à peu près satisfait, la seconde moitié viendra elle délivrer un vrai plaisir hardcore en repoussant toutes les limites. Le film sera d’ailleurs (je pense) fondamentalement sauvé grâce à l’arrivée d’un personnage secondaire, René, grand père franchouillard à la gâchette facile et aux répliques bien senties. Je n’explique d’ailleurs pas ce gap entre ce personnage extrêmement bien travaillé et digne d’un tonton flingueur (tant au niveau du jeu que des dialogues) et le reste du casting très plat. Les références au film culte de Lautner sont d’ailleurs régulières lors de la séquence de l’apéro dans son appartement "plus kitsch tu meurs". René est donc l’élément comique et frais du film en apportant, d’une part un vrai jeu d’acteur, et d’autre part les meilleures scènes de La Horde.
Le film monte donc progressivement en pression allant du très mauvais au départ jusqu’au très jouissif à la fin. Rocher et Dahan nous offrent en effet un final totalement démesuré où toutes les limites se trouvent franchies. Boucherie intégrale, massacre sans concession, La Horde ne lésine pas sur l’hémoglobine, les hachages et les éclatages de têtes en tout genre (âmes sensibles s’abstenir). Yannick Dahan nous fera même l’honneur d’un caméo… explosif ;)
Du point de vue de l’action on est donc servi. Évidemment, coté scénario, l’ardoise est un peu moins réjouissante. Ultra simpliste, La Horde ne prend même pas la peine de détailler un tant soit peu ses personnages si ce n’est le vieux René. Que l’action ne soit pas contextualisée (on ne sait pas pourquoi dehors c’est un bordel monstre ni pourquoi ce soir là des zombies ont fait la fiesta ; et on ne le saura pas), pourquoi pas mais dans ce cas, l’explication à mi-film sur la pseudo histoire de la seule nana du métrage arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Soit on explique, soit on n’explique pas et on se la joue brut de fonderie à 300%...l’entre deux n’était pas vraiment souhaité…dommage.
Bien qu'il soit inévitable de critiquer le jeu d’acteurs qui vient plomber le film tel un poids d’une tonne accrocher au pied, force est de constater que la richesse visuelle et les trouvailles de mise en scène foisonnent. Le potentiel des réalisateurs est clairement identifiable et l’on mettra toutes les diverses maladresses sur le compte de la non expérience et des faibles moyens du film.
Néanmoins, La Horde est certainement l’un des films les plus hardcore et vénère qu’il m’ait été donner de voir. Je m’attendais à quelque chose de « badass » mais à ce point, je n’imaginais pas. Perfectible à peu près à tous les niveaux, il a au moins le mérite de proposer aux spectateurs une expérience visuelle et auditive assez inédite tant l’ensemble se révèle assourdissant (mais dans le bon sens).
Pas du tout grand public, La Horde trouvera son public de niche sans trop de soucis. En espérant que cela représente le début d’une belle filmographie pour nos deux compères !
Sortie officielle française : 10 février 2010