Une discussion revient assez souvent avec les gens qui me connaissent et me voient évoluer. Je travaille seul, je joue seul, j’aime être souvent seul, mais cette solitude n’est-elle pas un peu pesante? Il est vrai que je ne vois pas souvent mes amis, que je ne suis pas un partisan des rassemblements importants et que je fuis les endroits surpeuplés. Mais d’un autre coté, j’aime leur téléphoner ou leur écrire.
Pour certains ma vie serait invivable, ils ont trop besoin de leur tissu social, mais moi, j’ai grandi sans frère et sœur, je n’étais pas très populaire à l’école, j’ai appris à vivre dans un milieu où les contacts sociaux étaient assez restreints. Je jouais tout seul et au contraire des autres enfants je ne connaissais pas l’ennui. J’ai découvert l’ennui bien plus tard, paradoxalement dans une période pendant laquelle je me suis beaucoup ouvert aux autres.
Non pas que je sois asocial ou « socialement inadapté », loin de là, mais je me sens bien quand je suis seul. Les heures passées au piano sont toujours un plaisir et je sais que je dois me ménager des espaces de solitude après mes plages de travail, car chaque musicien vous le dira, il nous faut au moins une petite demi-heure après la dernière note jouée pour vraiment sortir de notre travail. Me déranger en plein travail: erreur que mes amis ne commettent plus. Je suis dans ces cas-là bougon et réponds au plus vite et pas toujours au plus sensé pour pouvoir me remettre dans mon activité le plus rapidement possible.
Je reste persuadé que l’on choisit son instrument en fonction de son caractère propre. Il me semble que si je n’aimais pas cette solitude qui m’entoure, je n’aurais en aucun cas voulu devenir pianiste. J’aurais choisi un instrument qui permet une meilleure socialisation, comme un instrument à vent par exemple. Le pianiste même dans un groupe de musique de chambre reste toujours un peu « étrange ». Et finalement j’aime ça, être seul à bord!
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