Martine Aubry vient d’annoncer son souhait de voir Hélène Mandroux, maire de Montpellier, conduire une liste PS face à celle présentée par Georges Frêche, suite au nouveau dérapage verbal de ce dernier.
« Mieux vaut tard que jamais» .
Certes, mais il est tout de même regrettable que nos responsables nationaux n’aient pas davantage soutenu la démarche que nous portions localement avec Éric Andrieu (qui désormais ne souhaiterait cependant plus la constitution d’une nouvelle liste – à vérifier) en septembre 2009.
À l’époque, de peur de voir Georges Frêche s’opposer à nos partenaires et de devenir trop clivant au sein même du Parti socialiste, nous proposions de garantir un choix concerté sur nos candidats aux élections régionales et de faire un très large rassemblement de la gauche avec comme tête de liste soit Georges Frêche si ce dernier réussissait un tel rassemblement et en acceptait les conditions, soit Éric Andrieu, vice-président sortant.
Peu soutenaient cette démarche de peur de s’opposer à ceux que l’on qualifie de « barons locaux» (et à leurs voix pour les prochaines investitures et prochains congrès). Ils ont donc laissé Georges Frêche et ses amis tenant les appareils socialistes locaux faire campagne face à Éric Andrieu sans que ce dernier ne soit réellement soutenu par personne (ou presque). Des responsables nationaux, comme Vincent Peillon, ont même appelé à voter « Frêche» (parfois contre la position des militants locaux membres du même courant au sein du PS).
Aujourd’hui, la plupart de ces mêmes responsables se disent « scandalisés» , avec raison, suite au nouveau « dérapage» du président languedocien sortant.
Ils appellent donc à la constitution d’une nouvelle liste derrière une autre personnalité.
Pourquoi pas.
Mais alors qu’en septembre aucun argument n’aurait pu s’y opposer, aujourd’hui (à six semaines des élections) beaucoup des soutiens de Georges Frêche pourront dire « Et le vote des militants qui l’a soutenu ?» (même si on connaît le très faible taux de participation et ses limites)
D’ailleurs, les têtes de listes départementales (notons qu’il n’y a que des hommes) viennent d’annoncer leur soutien à l’ancien maire de Montpellier et vont jusqu’à dénoncer les « basses manœuvres de la direction» de… leur propre parti. Cette inconditionnalité dans le soutien qui est apporté à Georges Frêche est d’ailleurs inquiétante quand on sait que ce dernier a intégré sur ses listes des chasseurs (anciens CPNT) et refuse toute mention du nom « PS» dans une campagne financée par ce Parti.
En réalité, ce nouvel épisode ne traduit qu’une seule chose : le Parti socialiste est bien trop « tenu» par ses « barons» qui n’ont plus peur de s’opposer directement à la rue de Solférino. Le ton du communiqué soutenant le président sortant le prouve.
L’orientation de notre parti n’est visiblement pas dictée par les seules idées. Les manœuvres politiciennes ont un poids considérable. Pourtant, elles ne visent qu’à contrôler à quelques-uns tels ou tels territoires, telles ou telles investitures, tels ou tels mandats.
Et comme on dit : « Un homme au pouvoir n’a qu’un seul parti à prendre, le sien qui le maintiendra au pouvoir.»
Alors, espérons au moins que le PS, en l’espèce, saura s’opposer à ses « barons» et faire triompher les idées sur les manœuvres.
Espérons même que cela serve de jurisprudence pour la suite, ce serait la victoire des idées et le début d’une véritable rénovation.
Nicolas Cadène