Tu crois que c'est dimanche et que tu es bien calée dans ton lit, le casque sur les oreilles. Mais non. En fait, c'est la guerre.
Alors non seulement c'est la guerre, mais c'est la sale guerre totale.
Celle où la chair se confond avec la machine, où on bouffe de la baïonnette rouillée, où la nature même est hostile. Ces puritains-là ont saisi l'air du temps, qui est au ré-enchantement du monde, aussi nous servent-ils une ronde de sorcières-robots, de cyber-lutins maléfiques, de nano-organismes sous sortilèges. C'est le retour de Gaïa en pleine esthétique industrielle, un fantasme de nature-technologie monstrueuse, pas vraiment novateur mais efficacement mis en bruit, en crissements, feulements, grincements.
Les ficelles sont simples et ont la force de conviction d'un char d'assaut : ici, on sème la terreur organique. Avec un peu de hautbois, de cor ou de basson pour la dignité, et beaucoup de claquements métalliques pour le bellicisme. Parfois, quand même, on dirait un mauvais remix de Pierre et le Loup, sauf qu'ils nous ont prennent pour des crétins et rajouent des vrais bruitages de canard (oui, COIN COIN) pour le pathos. Heureusement, il y aura le retour régulier des percussions tétanisantes, et les hurlements des machines guns pour ponctuer le tout.
Au final, l'impression est non seulement assez intrigante pour que tu aies toujours envie de suivre le convoi morbide dans les escarmouches suivantes. Mais surtout, suffisamment vivace pour que tu sentes, à travers tes paupières, le chaos convoqué par Hidden : des gamins moches et méchants se roulent dans la boue couleur sang, ça pue la charogne, l'incendie, la magie noire. Et les kalachnikovs servent de berceuse aux enfants farfadets.
Regardez leurs sales gueules de lutins post-atomiques, au New Puritans, ils sont plus que crédibles.
Fin de la célébration païenne, tu quittes l'humus moite de la clairière. Dans ton lit, le casque en main, tu réalises que si les mitrailleuses résonnent encore, c'est parce que ton mec, à l'autre bout de la pièce, est en train de gagner la deuxième guerre mondiale sur son ordinateur. Ça sonnait décidément trop bien.
Que reste-t-il à These New Puritans ? Les canards, les hautbois, la chorale d'orcs sanguinaires... Du chamanisme de pacotille, peut-être, mais assez convaincant pour galvaniser une troupe d'enfants-soldats (ils ont l'air si jeunes..), et les lancer de plein fouet, sur le champ de bataille.
These New Puritans // Hidden // PIAS