« Ces Caprices (capricci, comme des moments musicaux ou picturaux de forme libre), cette suite de vedute des rues et des places de Rome est le résultat d'un long dialogue avec la ville. Plutôt que de la réduire à un simple décor de fiction, j'ai essayé de la traiter en partenaire, dramatiquement parlant. Je voulais lui offrir un véritable rôle comme l'ont fait ceux, très nombreux et souvent prestigieux, qui m'y ont précédé... » Etc.
Franchement, ça ne me donnait pas très envie. Je craignais l'ennui le plus lourd, une suite de cartes postales un peu prétentieuses. J'avais tort.
Michel A. Chappuis parle de Rome, et bien. Chaque chapitre a le nom d'un lieu de la ville, et effectivement, l'auteur les traite comme les vedute annoncées. Mais elles sont prises dans une intrigue, lâche mais suffisante pour faire avancer le récit, qui, en plus, est très bien écrit.
Pour raconter la ville, Michel A. Chappuis nous emmène sur les pas d'un réalisateur de films, auteur de quelques courts métrages. Ce cinéaste a réussi à intéresser un producteur avec un vague projet, à se faire financer un séjour romain dans le but d'établir des contacts et d'écrire un scénario et on le suit dans ses périples, dans ses tentatives vaines et dans ses rencontres de personnages tout à fait singuliers, un pianiste qui a renoncé aux concerts pour une sorte de démarche mystique personnelle, son ami, tout opposé, qui lui s'est fait artiste de rue, une vendeuse d'idées...
Michel A. Chappuis, Caprices romains, L'Aire