Les anglicismes, c’est la plaie du fondu de musique, autant qu’un moyen efficace de briller au cours d’un apéritif mondano-parisien. D’autant plus lorsque le terme anglais s’avère presque impossible à retranscrire en mots simples de chez nous. Un Bootleg, par exemple, n’est ni complètement un remix, ni exactement une reprise. Pour faire simple, on pourrait qualifier la pratique de confrontation d’univers opposés par producteur passionné.
En somme, un Bootleg consiste en la superposition des mélodies retravaillées de songwriters (anglicisme +1) et des lyrics (+2) de rappeurs reconnus. Le résultat, souvent distribué sous le manteau, droits d’auteurs exorbitants obligent, peut s’avérer savoureux. Exemples de mariages réussis.
Tom Caruana – Enter The Magical Mystery Chambers
Mélodistes : The Beatles
Lyricistes : Wu-Tang Clan
C’est presque une garantie pour qui veut réussir sa fusion des genres : piocher dans le haut-de-gamme. Ainsi, quels meilleurs fournisseurs de mélodies prêts à la découpe que les scarabées de Liverpool, et quelle plus grosse mine d’accapella que la discographie des neuf shaolin new-yorkais ? Malgré de solides bases, le risque de superposition hasardeuse demeure réel, et ne pardonne pas au vu des protagonistes. Si Tom Caruana ne se prend pas les pieds dans le piège à loup, c’est en partie grâce à la bonne idée de mêler originaux des Beatles et reprises inspirées des titres de ces derniers. C’est donc sans impression de redondance qu’on navigue d’une traite d’Abbey Road à Staten Island. Projet à télécharger ICI.
Tor – IllinoiZe
Mélodiste : Sufjan Stevens
Lyricistes : Gift Of Gab, Brother Ali, Outkast…
Le projet de Tor constitue un défi presque opposé à celui de Caruana : pas ou peu de « légendes », un mélodiste seul et des protagonistes variés. C’est dans l’underground qu’a choisi d’œuvrer Tor, en choisissant pour base les compos du génial Sufjan Stevens, compteur discret du Michigan, et en y apposant les rimes de fines gâchettes reconnues. De Aesop Rock à Brother Ali en passant par CL Smooth, les voix des emcees paraîssent avoir été modelées pour appuyer les envolées lyriques de Stevens. Un « noize » sacrément agréable au final, qu’on trouvera ICI.
DangerMouse – The Grey Album
Mélodistes : The Beatles
Lyriciste : Jay-Z
C’est la première grande réussite du genre, au point de demeurer un « classique » pour certains. D’un côté, les Beatles et leur double-album blanc qui signa leur retour au rock. De l’autre, Jay-Z et son Black Album, annoncé (à tort) comme le dernier avant une retraite prématurée. Enfin, dans le rôle du liant, un producteur alors peu connu, Danger Mouse. Utilisant à merveille la voix unique de « Hova », soulignée par les riffs et les embardées binaires des scarabées, la future moitié de Gnarls Barkley donne vie à un « gris » des plus lumineux. Le Black Album sera par la suite repris par un grand nombre de producteurs, de Kev Brown à Kno, sans toutefois égaler la prouesse de cette souris.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 28 janvier à 16:38
d'ailleurs je voulais te dire que j'avais kiffé sur le beatles-wu manute